Le père du footballeur de Liverpool Luis Diaz, enlevé fin octobre en Colombie par la guérilla de l'Armée de libération nationale (ELN), a été libéré jeudi, selon des images diffusées par des médias locaux.
Accompagné d'une mission humanitaire, Luis Manuel Diaz a atterri en hélicoptère à l'aéroport de Valledupar, dans le nord du pays. La Conférence épiscopale colombienne a publié une photo montrant M. Diaz dans une zone boisée tandis qu'une femme contrôle sa tension.
'Vive la Liberté et la Paix !', a réagi le président de gauche Gustavo Petro sur les réseaux sociaux. Le club anglais de Liverpool s'est dit 'ravi d'apprendre le retour sain et sauf du père de @LuisFDiaz19' et remercie 'tous ceux qui ont contribué à sa libération'.
L'ELN, qui mène des négociations de paix avec le gouvernement, avait enlevé le 28 octobre les parents de l'attaquant international dans une station-service de Barrancas, la ville natale de la famille, près de la frontière avec le Venezuela. Le même jour, la mère du footballeur de 26 ans avait été libérée.
Plus de 250 policiers ont été mobilisés par voie terrestre et aérienne pour les recherches. Dimanche, l'ELN avait cependant estimé que cette présence militaire rendait difficile sa libération 'rapide et sûre'. L'armée a ainsi retiré ses troupes lundi.
'Angoisse'
Dimanche, Luis Diaz a dédicacé son but dans le temps additionnel pour l'égalisation face à Luton (1-1) à son père, soulevant son maillot pour laisser apparaître le message 'Libertad para papa' (Liberté pour papa, en espagnol) sur le tee-shirt qu'il portait en-dessous. Il avait ensuite dit son 'angoisse' sur les réseaux sociaux.
Après l'annonce de la libération, Liverpool a indiqué que le joueur serait titulaire jeudi pour la réception du club de Toulouse en Europa League.
Luis Manuel Diaz, dit 'Mane', a été le fondateur et entraîneur de la seule école de football de Barrancas, ville de quelque 38'000 habitants, où son fils a montré dès son plus jeune âge des aptitudes exceptionnelles. Mercredi, des dizaines d'enfants sont allés s'entraîner avec des ballons blancs en son honneur.
Luis Diaz a brillé dans son pays avant de rejoindre le club portugais de Porto, puis Liverpool pour un montant de transfert de 60 millions d'euros. C'est la première fois qu'un indigène colombien accède à l'élite du football mondial, dans un pays où 4,4% de la population appartient à une communauté indigène.
'Confiance' rompue
Ce rapt a mis en péril le processus de paix entamé il y a près d'un an entre l'ELN et le gouvernement, ainsi que le cessez-le-feu bilatéral de six mois en vigueur depuis le 3 août.
M. Petro avait estimé la semaine dernière que cet enlèvement avait rompu la 'confiance' entre les parties. Le commandant militaire de la dernière guérilla reconnue en Colombie, Antonio Garcia, avait lui-même admis samedi une 'erreur'.
Jusqu'à cette fin heureuse il a constitué un nouveau revers pour la politique de 'paix totale' du président Petro, qui vise à désarmer tous les groupes illégaux du pays par le dialogue.
Dimanche, la principale faction de la dissidence de l'ancienne guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), qui a rejeté l'accord de paix de 2016, a annoncé la suspension de sa participation au dialogue avec le gouvernement entamé en octobre. Malgré le désarmement de la majeure partie des FARC en 2016, le conflit armé dans le pays se poursuit après six décennies de violence qui ont fait quelque 9,5 millions de victimes.
En six décennies de conflit civil, la Colombie a enregistré quelque 38'000 enlèvements, principalement par les groupes armés qui financent leurs opérations grâce à l'argent des rançons et au narcotrafic, la Colombie étant le premier producteur de cocaïne au monde.
De janvier à septembre, 245 enlèvements ont été enregistrés en Colombie, une trentaine sont aux mains de l'ELN, d'après des sources officielles. L'un des cas les plus emblématiques est l'enlèvement de la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt, ancienne candidate à la présidence colombienne, qui a été détenue pendant six ans par les FARC jusqu'à son sauvetage par l'armée en 2008.
/ATS