Une mère de famille s’est retrouvée sur le banc des accusés mardi matin au Tribunal régional de La Chaux-de-Fonds. Ses trois enfants, aujourd’hui âgés de 20, 24 et 27 ans, l’accusent de voies de fait, d’actes d’ordre sexuel avec des enfants et de violation du devoir d’éducation; des accusations totalement réfutées par la prévenue, Nadia*, qui parle de complot.
L’accusation s’en remet à la libre appréciation du tribunal concernant la peine et demande des indemnités pour tort moral à hauteur de 55'000 francs.
La défense plaide l’acquittement et réclame 5'000 francs pour l’atteinte grave à la personnalité de sa cliente.
Le jugement sera rendu ultérieurement.
Violences et abus
Les faits ont été révélés au cours d’une plainte déposée par Nadia contre sa belle-sœur, pour des propos tenus alors que Nadia se séparait de son mari. Les plaignants étaient alors entendus comme témoins. Faisant état de maltraitance devant le procureur, ce dernier a alors jugé bon d’ouvrir une enquête d’office.
Pendant plusieurs années, cette femme aurait ainsi commis « les pires atrocités que peut commettre une mère », selon l’avocate de la défense. Des coups quotidiens, d’une violence « inouïe », de la maltraitance « sans raison ».
La prévenue aurait aussi violé la sphère intime de ses enfants, les obligeant à maintenir la porte de la salle de bains toujours ouverte sous peine de recevoir des coups. Elle aurait aussi confronté les plaignants à sa propre intimité. À cela s’ajoutent des accusations de maltraitance verbale.
Reconnaître un statut de victime
Aujourd’hui en pleine reconstruction, les trois jeunes adultes ont coupé les liens avec leur mère. Le divorce de leurs parents est très conflictuel. Les plaignants n’ont pas souhaité faire témoigner leur père pour ne pas mélanger les procédures. Ils demandent simplement à la justice de leur accorder un statut de victime. « Mes clients ne veulent pas forcément une peine sévère. Ils attendent avant tout la condamnation d’une mère qui a failli à son rôle », a déclaré leur mandante qui décrit leur développement comme étant « gravement perturbé par les faits ».
Enfants aliénés
Pour la défense, la thèse du complot et de l’aliénation des enfants est évidente. L’avocat de la mère de famille n’a pas manqué de rappeler que toutes les accusations des enfants sont sorties au moment où leurs parents se séparaient et lorsque la tante (ndlr: elle est la soeur de leur père) des enfants était en conflit avec leur mère. Les trois jeunes gens se sont rangés du côté de leur père et se sont mis d’accord pour « faire payer leur mère d’avoir quitté le clan ! », a martelé le mandant.
Dans sa plaidoirie, ce dernier n’a d’ailleurs pas manqué de souligner l’absence de témoignages appuyant les accusations des enfants : sur les quatre personnes entendues devant la Cour, aucune n’a déclaré avoir entendu ni vu quoi que ce soit concernant les plaignants.
« J'ai perdu mes enfants »
Ayant droit à un dernier mot, la prévenue a déclaré souffrir quotidiennement de la situation. « Mes enfants, je ne les retrouverai pas. J’ai perdu espoir. J’en tiens leur tante et leur père pour responsables. Malgré tout, je les aime et ma porte leur reste ouverte ». /abo
* Nom connu de la rédaction