Nucléaire
Des déchets radioactifs en plein cœur de Bienne. Les autorités cacheraient depuis 18 mois la découverte d’une importante source de radium 226 sur le site de l’ancienne décharge du Stadtmist. Cette information a été révélée par le Matin Dimanche. Ce sont les travaux de contournement de Bienne par l’A5 qui ont permis de découvrir cette pollution.
Une contamination vieille de plus de 60 ans
L’affaire remonte à la première moitié du 20e siècle. Toutes sortes de déchets finissaient dans cette décharge, notamment des fioles avec de la poudre de radium qui étaient utilisées par l’industrie horlogère.
A partir des années 50, cette décharge a été réaffectée en quartier d’habitation, et environ 5 hectares ont été recouverts de 30 centimètres de terre pour permettre aux habitants de jardiner.
C’est tout à fait par hasard, révèle le quotidien orange, que cette pollution a été découverte. Durant les quatre premières années du chantier de l’A5, 90'000 mètres cubes de terre potentiellement radioactive ont été manipulés et transportés vers d’autres décharges de la région. Celle de Tavannes pourrait être concernée.
Ce n’est qu’en 2012 qu’un camion en provenance de l’ancien Stadtmist a fait sonner le détecteur de radioactivité de la décharge de Teuftal. Les travaux ont alors été stoppés. Et les autorités ont élaboré un plan de décontamination pour les 20'000 mètres cubes de terre restants.
Risque «faible» pour la santé
A certains endroits de l’ancienne décharge, des rayonnements 100 fois supérieur au maximum autorisé sur un site de ce type ont été mesurés. Trois heures au contact d’une telle source suffisent à recevoir une dose de radioactivité comparable à celle tolérée en une année par une personne normale.
Après une année de travaux de décontamination, les spécialistes dépêchés sur place ont extrait 120 kilos de source radioactive.
Mais selon le porte-parole de l’Office fédéral de la santé publique Daniel Dauwalder, le danger que cette pollution constitue une menace pour la santé et l’environnement est considéré comme «faible». Cependant, d’autres mesures seront effectuées prochainement. Quoiqu’il en soit, cette révélation suscite l’incompréhension et la révolte de la population.
Les différentes autorités se renvoient la balle
La conseillère municipale Barbara Schwickert nous a assuré que l’information sur ce dossier n’était pas de son ressort. D’une part, ce chantier se déroule sur un terrain cantonal. Elle a ajouté d’autre part que l’OFSP était l’organe compétent en la matière en cas de contamination radioactive.
L’Office fédéral de la santé publique ne partage pas cet avis. L’organe rappelle qu’il en va de la responsabilité des autorités locales. Il ajoute n’intervenir directement qu’en cas de danger pour la population ou si le cas a un caractère national. L’OFSP souligne avoir vivement conseillé à plusieurs reprises aux autorités locales d'informer activement la population.
L’office pointe enfin du doigt le manque de réactivité de la municipalité. Lors d'une séance d'octobre 2013 avec la Ville et le canton, l’office aurait proposé de réaliser des mesures de la radioactivité dans le secteur. Il affirme n'avoir reçu l’accord de la ville qu’en avril dernier. /lcu
