Une Camerounaise employée par Neuchâtelroule est sur le point d'être expulsée du pays. Il s’agit d’une affaire individuelle de requérante d’asile déboutée.
La situation de cette maman d’un enfant né dans le canton de Neuchâtel est entièrement différente de celle de l’étudiante algérienne de l’Université qui a obtenu il y a quelques semaines l’effet suspensif dans l’attente d’une décision de l’Office fédéral des migrations (ODM) (voir notre article).
Un refus, puis un autre et finalement l’expulsion
Cette Camerounaise, âgée aujourd’hui de 32 ans, est arrivée en Suisse il y a 9 ans. Elle explique qu’après un passage dans un centre d’accueil à Vallorbe, elle est transférée dans des centres d’hébergement du canton de Neuchâtel, à la Prise-Imer, puis à Couvet, dans l’attente d’une réponse de l’Office fédéral des migrations quant à sa demande d’asile.
En 2004, elle suit des cours d’hôtellerie proposés par l’ODM et entreprend un stage dans un établissement neuchâtelois. Dans le même temps, l’Office social de l’asile lui met à disposition un appartement à Neuchâtel et lui propose d’entrer dans son programme d’occupation. Elle accepte et travaille, dès lors, 10 jours par mois à Neuchâtelroule. Sa demande d’asile est rejetée par l’ODM deux ans plus tard.
Commence alors une vaine série de recours et de demandes de reconsidération. En 2009, la Camerounaise, devenue entretemps maman d’un petit garçon, demande un permis B humanitaire, avec l’appui du Canton de Neuchâtel. Après le refus de l’ODM, puis l’échec d’un nouveau recours auprès du Tribunal administratif fédéral, l’employée de Neuchâtelroule et son enfant sont désormais dans l’obligation de quitter la Suisse et de retourner dans leur pays d’origine. Une situation impossible à accepter pour la jeune femme.
Critères d’intégration très stricts
En matière d’asile, les cantons n’ont aucun pouvoir de décision. Le domaine relève de la Confédération. Le responsable du Service neuchâtelois des migrations, Serge Gamma, explique que lorsqu’un requérant d’asile est débouté par l’Office fédéral, les critères d’intégration en cas de recours sont très stricts. L’employée de Neuchâtelroule a passé 9 ans en Suisse, s’est fait des amis, a fondé une famille, mais sa durée de séjour dans le pays n’est pas due à une intégration particulièrement poussée : elle découle des nombreuses procédures de recours qu’elle a entreprises.
Les renvois d’étrangers sont monnaie courante à Neuchâtel. Serge Gamma explique que les retours volontaires, avec la collaboration de la personne concernée, ou forcés sont des situations auxquelles les collaborateurs du Service des migrations sont confrontés tous les jours.
Un avenir ailleurs, mais pas forcément plus sombre
Elle doit comprendre et accepter que son avenir n’est pas en Suisse. Serge Gamma explique qu’un travail de longue haleine va désormais commencer afin d’aider l’employée de Neuchâtelroule à passer le cap de la colère face à sa situation. La Camerounaise ne va pas être renvoyée de force : ces prochains mois, le Service neuchâtelois des migrations va lui proposer une aide au retour. Une aide qui peut se traduire par des ressources financières (grâce aux montants prévus par la Confédération) ou par l’élaboration d’un projet entrepreneurial dans son pays d’origine. La balle est désormais dans son camp, mais nous ferons tout notre possible pour éviter un retour forcé, affirme Serge Gamma. /aes