Le Tribunal de Boudry.
Une salle d’audience remplie au Tribunal criminel de Boudry jeudi après-midi. Quatre hommes devaient comparaître en audience préliminaire pour plusieurs chefs d’accusation constituant l’une des plus importantes affaires d’escroquerie du canton de Neuchâtel. Seuls deux d’entre eux se sont présentés.
Les quatre hommes sont notamment prévenus d’escroquerie, abus de confiance, faux dans les titres et gestion déloyale. La liste des plaignants est vertigineuse : ils sont une quarantaine à avoir saisi la justice.
Séisme dans la salle d’audience
Dans ce dossier, on ne parle pas d’un cerveau, mais de quatre prévenus qui ont agi ensemble à certains moments, entre 1999 et 2006. Des escrocs présumés, qui ont revendu des sociétés de la région dans des conditions pour le moins troubles, en faisant perdre de l’argent aux acheteurs et aux vendeurs. Les prévenus se sont enrichis. Le préjudice s'élève à plusieurs centaines de milliers de francs.
L’audience préliminaire de ce jeudi après-midi a commencé par un coup de théâtre. L’avocat d’un des prévenus a demandé que le procureur se récuse. Motif : sous l’ancien Code pénal, il a instruit le dossier. Aujourd’hui, il se retrouve à la place du Ministère public : il ne peut donc pas porter cette double casquette. Il y a vice de procédure.
Procédure interminable ?
Si un nouveau procureur doit être désigné, la procédure pourrait être rallongée. Il lui sera en effet impossible de prendre connaissance des 7'000 pages du dossier d’ici le 21 janvier, date d’ouverture d’un procès qui doit durer trois semaines! L’audience serait alors ajournée.
Si le Tribunal refuse toute récusation, les plaignants pourraient, selon l’un des avocats, contester la validité de l’ensemble de la procédure. Tout serait à refaire. Et là, on perdrait des mois.
La demande de récusation a fait l’effet d’une bombe dans le camp des plaignants : il faut savoir que cette affaire dure depuis 13 ans.
Une affaire classée
Cette audience préliminaire a surtout permis de mettre de l’ordre dans le déroulement du procès qui s’ouvre donc, sauf retournement de situation, le 21 janvier.
Les prévenus présents, au nombre de deux, ont promis de ne pas prendre la poudre d’escampette d’ici là. Quant aux deux autres hommes qui devaient comparaître, l’un n’a pas donné de nouvelles à son avocat. Et l’autre, âgé de 84 ans, a été victime d’un accident de santé. Il est incapable de discernement. La juge a donc accepté de classer son dossier. /abo
