Les Tokyoïtes ont élu dimanche Yoichi Masuzoe au poste de gouverneur de la capitale japonaise, ont annoncé les médias nippons. En plébiscitant le candidat du parti pro-nucléaire au pouvoir, ils ont privilégié les questions socio-économiques et la préparation des Jeux olympiques au détriment de l'opposition à l'atome.
Trois ans après l'accident de Fukushima, les habitants de Tokyo ont préféré l'ex-ministre de la Santé, politologue et ancien commentateur de télévision, aux candidats antinucléaires Kenji Utsunomiya, avocat soutenu par le Parti communiste, et Morihiro Hosokawa, un ex-Premier ministre.
Chef de gouvernement entre 1993 et 1994, M. Hosokawa était tout juste sorti d'une retraite politique de 20 ans pour s'opposer à l'énergie atomique, avec le soutien d'un autre "ex", l'imprévisible Junichiro Koizumi.
Sa candidature n'a toutefois jamais décollé. Il a même été devancé à la deuxième place par M. Utsunomiya, un défenseur des libertés publiques bien implanté localement.
Si le duo Hosokawa-Koizumi et M. Utsunomiya ont bien tenté de transformer le scrutin en referendum pour ou contre l'énergie nucléaire, M. Masuzoe, lui, a préféré attirer l'attention sur la préparation des JO de 2020 et sur les enjeux économiques et sociaux. Il n'a pas hésité à utiliser son passé de populaire ministre de la Santé de 2007 à 2009.
Interrogé sur l'énergie, il a toutefois jugé "important de réduire peu à peu la part de l'énergie atomique". Dans le contexte post-accident de Fukushima, même le gouvernement pro-nucléaire de Shinzo Abe concède qu'il faut diminuer le recours à cette ressource dans la production d'électricité.
"Je voudrais élever la part des énergies renouvelables à Tokyo à 20% de l'électricité produite contre 6% actuellement", a précisé M. Masuzoe.
La campagne de deux semaines a été assez poussive et les grands médias japonais n'ont cessé de donner l'avantage dans les sondages à M. Masuzoe, qui voit sa carrière couronnée à 65 ans. Ils ont confirmé cette tendance sitôt les 1869 bureaux de vote fermés.