Quelques heures après les propos énergiques du président Petro Porochenko lors de son allocution de Nouvel An, plusieurs milliers de partisans de l'extrême droite ont défilé aux flambeaux jeudi soir à Kiev. Ils commémoraient la naissance il y a 106 ans de Stepan Bandera, un chef de file des nationalistes.
Les manifestants s'étaient réunis à l'appel des partis d'extrême droite Svoboda et Pravy Sektor, mais aussi des combattants du régiment Azov composé de volontaires nationalistes. Ils ont marché dans le centre-ville jusqu'au Maïdan, place centrale de Kiev et haut lieu des protestations qui ont conduit au renversement en février dernier du président prorusse Viktor Ianoukovitch.
"Gloire à l'Ukraine! Gloire aux héros! Gloire à la Nation! Mort aux ennemis! La Russie est la prison des peuples", scandaient les participants, lesquels brandissaient des drapeaux nationaux bleu et jaune, nationalistes rouge et noir et un grand portrait de Stepan Bandera.
Ce dernier fut un des dirigeants nationalistes ukrainiens dans les années 1930-1950. Il reste un personnage controversé en Ukraine.
Beaucoup le considèrent comme un héros national et symbole de la lutte pour l'indépendance de cette ex-république soviétique et partie de l'Empire russe. D'autres l'accusent d'avoir collaboré avec les nazis.
Stepan Bandera était le chef idéologique des combattants antisoviétiques qui ont affronté l'Armée rouge et massacré des Polonais dans l'ouest de l'Ukraine. Une partie du mouvement nationaliste ukrainien avait collaboré avec les nazis avant de combattre contre eux.
Empoisonné par un agent du KGB en 1959 à Munich, cet Ukrainien est abhorré en Russie. Le président Vladimir Poutine avait d'ailleurs désigné en mars le gouvernement ukrainien ayant succédé au régime de Ianoukovitch comme "des héritiers idéologiques de Bandera, le complice d'Hitler pendant la Seconde Guerre mondiale".
Et dans la nuit de mercredi à jeudi, les séparatistes ukrainiens ont mené plusieurs attaques au mortier et à l'arme légère sur des positions ukrainiennes dans l'Est, blessant trois militaires, a annoncé l'armée.
Selon les autorités de la région de Lougansk, frontalière avec la Russie, deux habitations ont été détruites jeudi par des tirs de mortiers dans un village, faisant un mort. Les rebelles n'ont pas confirmé ces informations.
Ces nouvelles attaques dans la nuit de la Saint-Sylvestre soulignent la fragilité d'un cessez-le-feu théoriquement en place depuis début septembre mais fréquemment violé.
Dans son adresse à la nation à l'occasion du Nouvel An, le président ukrainien Petro Porochenko a souligné jeudi que l'Ukraine "va 'gagner la guerre' contre les rebelles prorusses soutenus par Moscou".
"Les paroles 'Pays uni' sont devenues le mot d'ordre de cette année", a-t-il ajouté en les prononçant symboliquement en ukrainien, en russe, langue parlée par une grande partie de la population, et en tatar, langue des Tatars de Crimée, peuple autochtone de cette péninsule, qui a protesté contre son annexion.
"2015 ne sera pas facile, mais je suis sûr qu'elle entrera dans l'Histoire comme l'année du début des réformes profondes qui nous ouvriront la voie vers l'adhésion à l'Union européenne", a encore assuré le président.
Plus de 4700 personnes ont été tuées en 2014 dans l'Est de l'Ukraine. Dans le cadre d'un plan en douze points pour mettre fin au conflit, les autorités ukrainiennes et les séparatistes ont procédé à l'échange de plusieurs centaines de prisonniers de guerre.