Le gouvernement turc a tenté mardi d'enrayer le mouvement de contestation politique sans précédent auquel il est confronté depuis cinq jours. Le vice-premier ministre Bülent Arinç a présenté ses excuses pour les violences commises par les policiers et a appelé les manifestants à rentrer chez eux.
Après une nouvelle nuit de mobilisation et de violences, M. Arinç a reconnu les "légitimes" revendications des écologistes à l'origine de la fronde. Il a invité les protestataires à mettre fin à leur action, alors qu'une des plus grandes centrales syndicales du pays a engagé une grève de deux jours contre "la terreur" exercée par l'Etat.
En l'absence de la principale cible des manifestants,le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, en tournée au Maghreb jusqu'à jeudi, M. Arinç a dispensé des paroles apaisantes.
Il a présenté ses excuses aux nombreux blessés civils, à l'exception de "ceux qui ont causé des dégâts dans les rues et tenté d'entraver les libertés des gens". Comme il l'avait déjà fait samedi, il a regretté l'usage abusif des gaz lacrymogènes par la police, "qui a fait déraper les choses".
Appel au respect
Sur un plan plus politique, il a également assuré que son gouvernement "respecte (...) les différents modes de vie" de tous les Turcs. Depuis le début de la contestation vendredi, les manifestants accusent M. Erdogan de dérives autoritaires et de vouloir "islamiser" la Turquie laïque.
Sa réaction modérée contraste avec la condamnation sans appel des manifestants exprimée ces derniers jours par M. Erdogan, qui a parlé de "pilleurs" et dénoncé ceux qui marchent "main dans la main avec les terroristes".
Deuxième décès
Le mouvement de protestation a été marqué par la mort d'un deuxième manifestant, un jeune homme de 22 ans tué lundi soir dans un rassemblement à Hatay (sud-est) de plusieurs "coups de feu tirés par une personne non identifiée", a annoncé le gouverneur de la ville.
Si la situation était calme mardi à la mi-journée, de violents affrontements ont encore opposé dans la nuit la police et les manifestants à Istanbul, Ankara ou Izmir (ouest), faisant de nombreux blessés.