La Commission européenne a lancé une enquête sur des soupçons de détournement de fonds au sein d'un programme européen d'éducation lié au ministère turc des Affaires européennes, a-t-on appris mercredi auprès de la Commission. Egemen Bagis, l'ex-ministre des affaires européennes, est au centre de la polémique.
"La commission européenne a lancé un audit au sujet du Centre des programmes de jeunesse et d'éducation de l'UE à Ankara", a indiqué Dennis Abbott, son porte-parole pour les affaires d'éducation.
Cette enquête vise des "allégations d'irrégularités liées à un manque de transparence sur des recrutements de personnels" et "un manque de respect aux règles nationales et européennes concernant les achats de l'Agence nationale" (Ulusal Ajans), a-t-il ajouté.
Cette décision intervient alors que le nom de l'ex-ministre des Affaires européennes Egemen Bagis est cité dans le cadre du scandale de corruption qui éclabousse le gouvernement du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan.
M. Bagis a cédé son maroquin lors du remaniement ministériel provoqué par la démission, en décembre, de trois de ses collègues soupçonnés, eux aussi, d'avoir touché des pots-de-vin.
Le dossier de M. Bagis et des ex-ministres de l'Economie Zafer Caglayan, de l'Intérieur Muammer Güler et de l'Environnement Erdogan Bayraktar a été transmis au Parlement en vue d'une éventuelle levée de leur immunité.
Des dizaines de patrons, hommes d'affaires, élus et hauts fonctionnaires proches du régime ont été inculpés dans le cadre de ces enquêtes. Cependant, tous les suspects incarcérés ont été remis en liberté la semaine dernière.
M. Erdogan, directement mis en cause par la diffusion d'écoutes téléphoniques, accuse ses ex-alliés de la confrérie du prédicateur musulman Fethullah Gülen d'être à l'origine de ces accusations et d'avoir ourdi un "complot" pour précipiter sa chute à la veille des élections municipales du 30 mars et présidentielle en août.