Recep Tayyip Erdogan a accusé ses adversaires de vouloir "terroriser la rue" avant les élections municipales du 30 mars. Le Premier ministre turc a dénoncé jeudi les manifestations antigouvernementales de la veille et les affrontements avec la police.
Au lendemain de la plus forte mobilisation enregistrée en Turquie depuis la fronde qui a fait vaciller son régime en juin dernier, M. Erdogan a mis en cause l'opposition, les médias et le monde des affaires. "Ils essaient de réussir en provoquant et en terrorisant la rue", a-t-il lancé lors d'une réunion publique à Mersin (est).
"Vous êtes censés être des démocrates, des défenseurs des libertés", a-t-il lancé à l'adresse des manifestants, qu'il a accusés d'avoir détruit une permanence de son parti, celui de la justice et du développement (AKP), à Istanbul.
Malgré les graves accusations de corruption qui pèsent sur lui, le chef du gouvernement reste sûr de sa force électorale. Sa cote de popularité a cependant chuté, selon la plupart des sondages. Mais l'AKP, qui a remporté tous les scrutins depuis 2002, devrait encore arriver en tête des municipales de la fin du mois.
Son intransigeance vis-à-vis de ses contradicteurs est jugée dangereuse. Nombre d'observateurs ont relevé qu'il s'était gardé de tout geste de compassion après la mort du jeune Berkin Elvan.
"Tout le monde s'attendait à ce qu'il exprime un geste de sympathie et présente ses condoléances, mais il ne l'a pas fait. Cela va au-delà de toute limite morale et éthique", a déclaré à l'AFP Fuat Keyman, de l'université Sabanci d'Istanbul. "Il a une fois de plus fait savoir qu'il ne souhaite pas être le leader de toute la nation", a-t-il regretté.
Des dizaines de milliers de personnes, plus de 100 000 selon certains médias turcs, sont descendues mercredi dans les rues d'Istanbul. Ils ont scandé "Tayyip, assassin" lors des funérailles d'un jeune homme de 15 ans, Berkin Elvan, décédé après neuf mois de coma des suites de blessures causées en juin par une grenade lacrymogène de la police.