Le vol MH17 de la Malaysia Airlines qui s'est écrasé le 17 juillet en Ukraine a été touché par "un grand nombre d'objets dotés d'une énergie forte", a annoncé mardi l'agence de sécurité aérienne néerlandaise. Mis en cause par Kiev et les Occidentaux, les rebelles pro-russes ont nié disposer d'armes aussi sophistiquées.
"Je ne peux dire qu'une chose: nous n'avons tout simplement pas d'équipements techniques capables d'abattre un Boeing, et donc, cet avion malaisien", a déclaré Alexandre Zakhartchenko, "premier ministre" de la République populaire unilatéralement proclamée de Donetsk.
Selon le Bureau d'enquête néerlandais pour la sécurité (OVV), chargé de l'enquête, "rien n'indique que l'accident du vol MH17 soit dû à un problème technique ou à une erreur de l'équipage". Le rapport assure que le vol de l'avion, qui assurait la liaison Amsterdam-Kuala Lumpur, s'est déroulé "comme prévu" avant de prendre fin "de manière abrupte" quelques heures plus tard.
Cette déclaration accrédite la thèse d'un tir de missile sans la mentionner, comme l'a noté le premier ministre malaisien Najib Razak. "Le rapport préliminaire suggère que des objets ont pénétré à grande vitesse dans l'appareil et provoqué sa désintégration en vol. Cela conduit à soupçonner fortement qu'un missile sol-air a abattu le vol MH17, mais des investigations supplémentaires sont nécessaires pour en apporter la certitude", a-t-il dit.
Le Boeing 777-200 s'est "disloqué en vol, en raison probablement de dégâts structurels causés par un grand nombre de projectiles à haute énergie qui ont pénétré de l'extérieur dans l'avion", ont soutenu les enquêteurs, sans donner d'indication sur la nature des "projectiles" ni sur leur origine.
Une enquête complémentaire" sera nécessaire avant la publication du rapport final, qui est attendu pour l'été 2015, a affirmé l'OVV.
Les enquêteurs n'ont pas pu se rendre sur le site où l'avion s'est écrasé en raison des combats entre l'armée ukrainienne et les séparatistes pro-russes. Leurs conclusions sont fondées sur les informations recueillies par les boîtes noires ainsi que sur l'analyse d'images satellites et de données radar.
Ils s'appuient par ailleurs sur des photos de la carlingue montrant de multiples impacts. Selon Tim Ripley, spécialiste de l'armement et collaborateur du magazine "Jane's Defense", ils pourraient provenir d'une charge de "proximité", qui explose près de sa cible.
De telles charges peuvent être montées sur plusieurs types de missiles, dont le modèle Buk de fabrication russe, qui selon Kiev et les Occidentaux, a été employé par les séparatistes pour abattre l'avion. Les insurgés nient disposer de telles armes, mais un de leurs chefs a laissé entendre qu'ils en possédaient un avant la catastrophe.
Moscou a de son côté affirmé que l'appareil a été abattu par les forces aériennes ukrainiennes dans le but machiavélique de faire retomber la faute sur les séparatistes.