Le Tribunal criminel de Genève a condamné à la prison à vie Erwin Sperisen. L'ancien chef de la police nationale civile du Guatemala a été reconnu coupable d'avoir participé à l'exécution extrajudiciaire de six détenus et d'avoir abattu lui-même un prisonnier. Ses avocats ont annoncé qu'ils recourront contre ce jugement.
L'accusé, âgé de 43 ans, double national suisse et guatémaltèque, est demeuré impassible lors de l'énoncé de la sentence, prononcée devant une salle d'audience comble. Son épouse, assise dans le public en compagnie d'autres membres de la famille, n'a pas pu retenir ses larmes.
Le Tribunal criminel de Genève s'est dit convaincu que les sept détenus de la prison de Pavon, qui ont trouvé la mort en 2006 durant l'opération de sécurisation du pénitencier, ont été victimes d'exécutions extrajudiciaires et qu'Erwin Sperisen, patron de la police nationale civile, a participé activement à ce plan secret.
Les juges se sont notamment appuyés sur plusieurs témoins qui ont vu l'ancien chef de la police guatémaltèque dans la maison où les détenus ont été tués.
Dans son jugement, le tribunal a aussi pris en compte les déclarations d'un détenu français qui purgeait à l'époque une peine de 30 ans à la prison de Pavon. Celui-ci a indiqué avoir vu Erwin Sperisen tirer à bout portant sur un détenu.
Pour les avocats de M. Sperisen, Giorgio Campa et Florian Baier, leur client a été victime d'un procès "inéquitable", où le droit de la défense a été bafoué. A leurs yeux, il a été condamné "sur la base d'un dossier truqué et vide".
Les ONG qui ont lutté pour qu'Erwin Sperisen, venu se réfugier en Suisse en 2007, soit traduit en justice, ont salué dans ce verdict "une étape importante pour la lutte contre l'impunité". Erwin Sperisen avait été interpellé à Genève en août 2012.
