L'air grave, le pape François a célébré mardi Noël pour la première fois en tant que chef spirituel des 1,2 milliard de catholiques. Dans son homélie, consacrée au thème du choix nécessaire entre l'ombre et la lumière, il a pressé les fidèles de se défaire de leur orgueil et de leur égoïsme pour s'ouvrir à Dieu et à leurs semblables.
La basilique Saint-Pierre était remplie de 10.000 personnes venues assister à la messe de Noël. De nombreuses autres ont regardé la cérémonie diffusée sur des écrans géants sur la place du même nom.
Le pontife argentin a célébré une messe de moins de deux heures, classique, avec de nombreux chants en latin, qui entend exprimer l'universalité de l'Eglise. Elle s'est terminée bien avant minuit.
Il a prononcé une courte homélie, aussi dépouillée que son habit blanc. Il n'a fait aucune allusion aux débats de société comme le faisait son prédécesseur Benoît XVI. En revanche, il a opposé les "ténèbres" du monde à la "lumière" de Dieu.
"De la part du peuple (...) alternent des moments de lumière et de ténèbres, de fidélité et d'infidélité, d'obéissance et de rébellion; moments de peuple pèlerin et de peuple errant", a dit en italien l'ancien cardinal Jorge Mario Bergoglio.
"Dans notre histoire personnelle aussi, alternent des moments lumineux et obscurs, lumières et ombres", a-t-il continué. "Si nous aimons Dieu et nos frères, nous marchons dans la lumière, mais si notre coeur se ferme, si l'orgueil, le mensonge, la recherche de notre intérêt propre dominent en nous, alors les ténèbres descendent en nous et autour de nous."
Le pape, qui a concélébré la messe avec plus de 300 cardinaux, évêques et prêtres, a en outre assuré mardi que les "marginalisés" sont les premiers à comprendre le message chrétien. Et il a prié son auditoire de ne pas avoir peur de tendre la main à Dieu.
A la fin de la cérémonie, il a porté dans ses mains, accompagné d'une dizaine d'enfants des cinq continents, une statuette de l'enfant Jésus jusqu'à une crèche dans la basilique.
Une autre crèche, napolitaine, avait été inaugurée sur la place Saint-Pierre. Intitulée "Franscesco 1223-Francesco 2013", elle marquait le lien entre saint François d'Assise qui avait prêché la pauvreté radicale et le pape qui a annoncé vouloir "une Eglise pauvre pour les pauvres".
Avant l'homélie de François, les pèlerins venus du monde entier ont entendu sonner les cloches de la basilique, alors que le Choeur de la chapelle Sixtine entonnait le Gloria qui commence avec les mots dits, selon l'Évangile de Saint Luc, par les anges au moment de la naissance du Christ : "Gloire à Dieu au plus haut des cieux".
Même si François a imposé sur la forme un renouveau avec un style de pontificat particulièrement frugal, son homélie de Noël s'inscrit dans la lignée de celle dite en 2012 par son prédécesseur Benoît XVI.
À la veille de Noël de l'an dernier, ce dernier avait mis l'accent sur la difficulté pour les fidèles comme pour les non-croyants de laisser une place à Dieu dans le monde moderne.
La messe de la nuit de Noël ouvre pour le pape une période très chargée. Mercredi à midi, il donnera la seconde bénédiction Urbi et Orbi ("à la ville et au monde") de son pontificat, après celle de pâques.
Le 31 décembre, il présidera une cérémonie "en remerciement de l'année écoulée", avant de célébrer le lendemain une messe de Nouvel an, qui marque pour l'Église la Journée mondiale de la Paix. Enfin, le 6 janvier, aura lieu une messe à l'occasion de l'Épiphanie, qui célèbre l'incarnation du Seigneur dans le monde par la visite et l'hommage des rois mages à l'enfant Jésus.