Les opposants pakistanais Imran Khan et Tahir ul-Qadri ont demandé la démission et l'arrestation du Premier ministre Nawaz Sharif. Mais leur mouvement de contestation ne semblait pas obtenir le soutien espéré.
Les deux hommes étaient partis jeudi de Lahore (est) à la tête d'une grande procession motorisée pour exiger la démission de Nawaz Shariz, vainqueur des législatives de mai 2013 qu'ils estiment entachées de fraudes massives.
Mais Imran Khan, ancienne gloire du cricket au look de playboy reconverti dans la politique, et Tahir ul-Qadri, un chef politico-religieux modéré installé depuis des années au Canada, ne sont arrivés que dans la nuit à Islamabad, capitale située à plus de 300 kilomètres de Lahore.
Le Premier ministre Nawaz Sharif et son frère Shahbaz, ministre en chef de la province du Penjab, la plus peuplée du pays, "devraient démissionner et être arrêtés", a déclaré en soirée M. Qadri lors d'un discours à Islamabad.
Ce dernier accuse les frères Sharif de fraudes électorales mais aussi d'être responsables des affrontements de juin dernier entre les forces de l'ordre et ses partisans à Lahore, qui ont fait au moins dix morts parmi ses fidèles.
"Le temps est venu au pays de choisir. Je vais rester ici tant que le Premier ministre ne démissionnera pas. Nous ne pouvons pas accepter un Premier ministre porté au pouvoir par des élections frauduleuses", a déclaré tôt dans la journée M. Khan, visiblement déçu par le faible appui à sa manifestation.
MM. Khan et Qadri avaient promis un véritable "raz de marée" sur la capitale, avec à la clé un million de manifestants, alors que des observateurs s'attendaient à un chiffre allant de 50'000 à 100'000 protestataires. Mais en début de soirée ils n'étaient quelques milliers encore réunis dans la capitale.
Les autorités ont déployé 20'000 policiers et paramilitaires à Islamabad, alors que le personnel des ambassades et de l'ONU fait l'objet de mesures de confinement, par crainte de voir les manifestations tourner à l'émeute.
Le gouvernement s'était au début opposé à cette manifestation et avait même assigné à résidence M. Qadri avant de se raviser. Le Premier ministre Sharif a proposé de fournir un repas aux manifestants, qui ont naturellement refusé.