Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées à Madrid, à l'appel des victimes de l'ETA, soutenues par le parti de droite au pouvoir en Espagne. Elles réclamaient "justice" après l'arrêt des juges de Strasbourg qui pourrait entraîner la libération de dizaines de militants du groupe armé basque.
De nombreux manifestants portaient le drapeau espagnol rouge et or, symbole de l'unité du pays, tandis que résonnait l'hymne national, accueilli par des applaudissements. "Contre l'ETA", a crié un homme dans les hauts-parleurs, applaudi lui aussi.
"Les criminels doivent payer", a lancé une manifestante de 71 ans, Maria Luisa Guisado, venue avec son mari et un autre couple d'amis retraités, des petits drapeaux à la main. "Nous ne sommes pas des victimes, Dieu merci, mais nous sommes venus pour au moins soutenir les victimes. Pourvu que cela serve à quelque chose", a-t-elle ajouté.
Les associations de victimes de l'ETA dénoncent l'arrêt rendu lundi par la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) à Strasbourg, qui a permis la remise en liberté d'Ines Del Rio Prada, une militante du groupe séparatiste condamnée à 3828 ans de prison.
Les juges ont estimé "illégale" la prolongation depuis 2008 de sa détention, rendue possible par l'application de la "doctrine Parot", un système de remise de peine en vigueur depuis 2006 en Espagne, défavorable aux détenus sous le coup de condamnations multiples.
Si ce jugement fait jurisprudence, la justice espagnole pourrait être contrainte de libérer au total des dizaines de détenus de l'ETA.
Dans un pays où le souvenir des violences reste très vif, le dernier attentat du groupe armé remontant à 2009, l'arrêt des juges européens a provoqué une vive polémique.
Pressé de réagir par les associations de victimes, qui constituent un puissant lobby conservateur, le chef du gouvernement Mariano Rajoy a lui qualifié "d'injuste" la décision, tandis que son Parti populaire rejoignait l'appel à manifester.