Les ibis champions de l'aérodynamisme et de la synchronisation

Les pilotes d'avion les envieraient presque. Les ibis, ces grands échassiers à long cou et au bec recourbé, maîtrisent parfaitement les lois de l'aérodynamisme et la synchronisation lorsqu'ils volent en formation, montre une étude publiée mercredi dans la revue "Nature".

Plusieurs études théoriques ont expliqué comment les oiseaux migrateurs volant en formation en V pouvaient optimiser leurs dépenses énergétiques, avec en particulier l'observation du vol des oies.

Mais, pour la première fois, l'équipe de Steven Portugal, du Royal Veterinary College de l'université de Londres, a identifié précisément les interactions entre les individus de la formation et enregistré le mécanisme utilisé par les oiseaux pour profiter du bon écoulement d'air.

Capteurs utilisés

Les chercheurs ont posé des capteurs sur une escadrille de 14 jeunes ibis chauves (Geronticus eremita) et mesuré la position et la dynamique de battement d'ailes de chaque individu pendant un vol entre l'Autriche et la Toscane.

"Nous avons mesuré au total 180'000 battements d'ailes", a précisé Steven Portugal.

Les chercheurs ont montré que les oiseaux se positionnent, mais aussi règlent leurs battements d'ailes les uns par rapport aux autres, afin de bénéficier de manière optimale des flux d'air les plus favorables tels que définis par les lois de l'aérodynamisme.

Le mouvement de battement se transmet, telle une onde, de l'oiseau de tête à celui qui le suit dans chaque branche du V, puis encore au suivant, un peu comme une "ola" dans un stade.

Adaptation

Les oiseaux changeant parfois de position au sein de la formation, il arrive qu'ils volent brièvement derrière l'un des leurs. Dans cette situation, les chercheurs ont constaté que les oiseaux ont tendance à battre des ailes "en opposition de phase", à l'inverse, par rapport à celui qui les précède, minimisant ainsi les interactions négatives.

Pour les chercheurs, cela montre que les ibis sont capables d'adapter leurs battements aux différentes conditions en vol.

Des questions restent néanmoins sans réponse, comme le soulignent Florian Muijres et Michael Dickinson, du département de biologie de l'université de Washington, dans un éditorial également publié dans "Nature".

Par exemple, quelle est l'économie d'énergie effectivement réalisée? Si la stratégie du vol en formation en V est vraiment efficace, pourquoi de nombreuses espèces de petits oiseaux migrateurs ne l'appliquent-elles pas?

/ATS


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