Plusieurs milliers d'Iraniens se sont retrouvés samedi soir à Téhéran pour dire un bruyant "au revoir" à Mahmoud Ahmadinejad. Ils ont fêté l'annonce de la victoire d'Hassan Rohani à la présidentielle, à coups de slogans favorables aux réformateurs et qui demandaient plus de libertés.
"Après huit ans, je vois enfin du bonheur dans la ville, je le vois sur le visage des gens", sourit Sahar, une étudiante proche des réformateurs, en arrivant sur une place déjà noire de monde. Autour d'elle fusent des "Ahmadi, bye bye", à l'adresse du président sortant.
La foule a envahi la plupart des rues et des places du centre-ville, surveillée de loin par un important dispositif policier. La foule chante "On a dit 'non au militaire', 'non au maire', oui au courageux Rohani", qui l'a emporté face à Mohsen Rezaïe, l'ancien chef des Gardiens de la révolution, l'armée d'élite du régime, et au maire de Téhéran Mohamad Bagher Ghalibaf, deux conservateurs.
Dans les rues, les automobilistes fêtent la victoire à coups de klaxons en saluant les passants, dont beaucoup arborent la couleur violette, choisie par le président élu pour sa campagne. "C'est une nouvelle ère, l'Iran va retrouver son prestige, affirme Ashkan. On fait la fête parce qu'il y a de nouveau un espoir en Iran".
Une jeune femme, Saba, est sortie dans la rue quand le ministre de l'Intérieur Mosatafa Mohammad Najjar, a annoncé les résultats définitifs à la télévision, à 20h30 (18h00 en Suisse) samedi. "La nuit dernière, je n'ai pas fermé l'oeil", dit-elle, alors que les autorités ont mis plus de 22 heures pour annoncer la victoire de M. Rohani. "C'est un pas en avant, vers les réformes", espère-t-elle.
Avec 50,68% des voix
Hassan Rohani est un religieux modéré, partisan d'une plus grande souplesse vis-à-vis de l'Occident pour mettre fin aux sanctions ayant plongé son pays dans une grave crise économique.
Alors qu'il n'avait au départ que peu de chances d'être en tête de la présidentielle, il a été élu avec 50,68% des voix dès le premier tour, bénéficiant de la division du camp conservateur et du retrait du seul autre candidat réformateur, Mohammad Reza Aref.
Sur la Place Vali-Asr, les gens saluent la décision de M. Aref en chantant "Rohani, n'oublie pas, Aref au gouvernement". Mais certains regrettent ses affinités plus centristes que réellement réformatrices. "La présidence à Rohani, c'est la moindre de nos demandes, ce n'est qu'un début!", affirme Ehsan, qui se dit "trop content d'avoir battu les durs" du régime.