Le processus de paix entamé voici deux ans entre le PKK et la Turquie est en danger après des raids aériens turcs contre des positions de la guérilla kurde à Daglica, dans le sud-est de la Turquie. En Syrie toute proche, Kobané n'a jamais été aussi proche de tomber dans l'escarcelle de l'Etat islamique (EI) en dépit de la riposte armée de la coalition.
Sans confirmer le raid aérien sur Daglica, Ankara a déclaré avoir riposté "fermement" à des tirs de mitrailleuses et de roquettes essuyés depuis le week-end dernier par les soldats d'un poste militaire avancé dans l'est de la Turquie, près de la frontière avec l'Irak.
Mais le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a aussitôt accusé la Turquie d'avoir violé le cessez-le-feu. "Pour la première fois depuis deux ans, un raid aérien a été mené contre nos forces par l'armée d'occupation de la République de Turquie", selon le PKK.
Les Kurdes reprochent à la Turquie non seulement de ne pas intervenir à Kobané, assiégée depuis près d'un mois par l'EI, mais aussi d'empêcher la livraison d'aide aux combattants kurdes syriens qui la défendent. Le chef emprisonné du PKK, Abdullah Öcalan, menace de rompre les pourparlers de paix si rien n'est fait d'ici ce mercredi.
De plus, le gouvernement autonome du Kurdistan irakien a déclaré avoir expédié une aide militaire à Kobané, mais selon certains Kurdes, Ankara aurait refusé de laisser passer l'aide sur son sol et les combattants retranchés dans Kobané disent n'avoir rien reçu.
Dans la ville turque de Suruc, à une dizaine de kilomètres de la frontière, des centaines de Kurdes se sont rassemblés mardi pour les funérailles de quatre combattantes tombées à Kobané, chantant "Erdogan assassin" en turc.
A Kobané même, les combattants des Unités de protection populaire (YPG), le principal groupe armé kurde syrien, essayaient toujours de tenir tête aux jihadistes, mais ceux-ci auraient atteint pour la première fois le centre-ville de Kobané, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG basée à Londres.
Face à cette situation désespérée, 5400 Syriens venus de la ville martyre ont gagné l'Irak, "dont 3600 personnes les dernières 72 heures", a indiqué le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR). Entre 10'000 et 15'000 déplacés de plus devraient arriver en Irak au cours des "prochains jours", selon le HCR.
De son côté, l'armée américaine a annoncé mardi avoir mené avec l'Arabie saoudite 21 frappes aériennes au total lundi et mardi aux abords de la ville.