Le Premier ministre albanais Edi Rama s'est rendu dans le fief des Albanais de Serbie, où il a tenté de dissiper les craintes serbes quant à une "Grande Albanie". Lundi, à Belgrade, la visite avait été gâchée par un accrochage avec son homologue serbe au sujet du Kosovo.
Devant plusieurs centaines de personnes réunies au Centre culturel de Presevo, à 380 km au sud de Belgrade, M. Rama a affirmé: "J'ai dit clairement à M. Vucic (ndlr: premier ministre serbe) que nous ne sommes pas engagés dans une bataille pour une "Grande Albanie" mais pour une "Grande Europe" qui doit accueillir tous les Albanais avec tous les autres peuples et pays".
La "Grande Albanie" est un projet visant à réunir tous les Albanais des Balkans en un seul Etat, dont ceux du Kosovo et de la région de Presevo.
"Les minorités doivent êtres des ponts qui unissent et pas qui nous séparent", a ajouté M. Rama. Il a quitté Presevo vers le Kosovo en début d'après-midi, après une visite d'un peu plus de deux heures.
La police serbe avait pris des mesures de sécurité draconiennes. Le centre de Presevo était interdit aux véhicules et un nombre important de policiers était déployé le long des 20 km de route menant à la frontière avec le Kosovo.
Un peu plus tôt, une foule d'un millier de personnes avait accueilli M. Rama à Presevo avec des applaudissements et des hourras. Dans les rues, on pouvait voir des panneaux avec le portrait d'Edi Rama frappés du drapeau de l'Albanie.
L'accrochage verbal de lundi entre les deux hommes a une nouvelle fois illustré la fragilité des relations entre Serbes et Albanais dans les Balkans. Edi Rama a appelé, dans des entretiens avec M. Vucic, au respect des droits de la minorité albanaise, soit environ 60'000 personnes, qui vivent dans la Vallée de Presevo, une région sciemment négligée par Belgrade.
M. Vucic s'était offusqué et avait dénoncé une "provocation" lorsque M. Rama avait abordé le sujet du Kosovo en appelant la Serbie à reconnaître la "réalité irréversible" de cette ex-province serbe.
Cette visite aurait dû permettre d'apaiser les tensions qui pèsent sur les relations bilatérales en raison du contentieux sur le Kosovo mais aussi des revendications de la minorité albanaise de Serbie. Cette dernière réclame davantage d'autonomie, voire un rattachement au Kosovo majoritairement albanais.