Les députés grecs ont à nouveau largement échoué mardi à élire un président de la République. Ce scrutin est très surveillé parce qu'en cas d'impossibilité à se mettre d'accord après trois tours, le Parlement sera dissous. Le parti de gauche anti-austérité Syriza pourrait alors arriver au pouvoir.
Plus de 100 députés sur 300 ont refusé de voter Stavros Dimas, ancien commissaire européen et pilier du parti conservateur du premier ministre Antonis Samaras, que le gouvernement de coalition droite-socialiste a présenté comme candidat. Selon la télévision nationale, il a obtenu 168 voix alors qu'il lui en aurait fallu au moins 200.
Il a toutefois gagné huit voix par rapport au premier tour, lors duquel 160 suffrages s'étaient portés sur son nom. Parmi ses nouveaux soutiens figurent deux anciens députés du parti Aube dorée et une députée de DIMAR, le reste du parti semblant prêt à s'allier à Syriza.
Cet échec signifie qu'un troisième et dernier tour doit être organisé lundi prochain, cette fois avec une majorité ramenée à 180 députés sur 300. Mais les analystes estiment qu'à moins de 170 voix, il sera difficile au gouvernement d'atteindre les 180 voix nécessaires au troisième et dernier tour.
Après le vote, M. Samaras a dit son espoir que le candidat du gouvernement puisse être élu au troisième tour, afin d'éviter le "danger" de législatives anticipées. Il a dit espérer "que nous éviterons un danger national". Le Premier ministre a par ailleurs exhorté les députés à "éviter l'aventure", à "prendre en compte les souffrances des Grecs" pendant la crise et "l'intérêt de la patrie".
Le patron de Syriza, Alexis Tsipras, était de son côté optimiste: "ni l'Assemblée ni le peuple ne donneront carte blanche à M. Samaras pour continuer les mémorandums (les programmes de réformes très durs imposés par ses créanciers à la Grèce depuis le début de la crise de la dette en 2010, NDLR).".
En cas de troisième échec, le Parlement sera dissous et des élections législatives auront lieu fin janvier ou début février. Le parti de la gauche anti-austérité Syriza étant donné vainqueur par les sondages en cas de législatives anticipées, cette perspective inquiète les marchés et les créanciers internationaux de la Grèce.
Le week-end dernier, le Premier ministre Antonis Samaras a fait quelques concessions. Il s'est engagé, si le président était élu, à revoir le calendrier des législatives et s'est dit prêt à les avancer de six mois, à fin 2015. Il a aussi évoqué la possibilité d'élargir la constitution politique du gouvernement.
L'élection est observée avec attention dans le reste de l'Europe, où le programme de Syriza, favori des sondages d'opinion, suscite des réserves. Le parti est opposé à l'extrême rigueur imposée au pays par l'UE, la BCE et le FMI en échange de 240 milliards d'euros de prêts.