Le maire sortant de Moscou, Sergueï Sobianine, a été réélu au premier tour dimanche, selon des résultats partiels publiés dans la nuit. Mais son principal opposant, Alexeï Navalny, conteste ces résultats et réclame un second tour.
Après dépouillement dans plus de 80% des bureaux, la commission électorale donnait 51,4% des suffrages pour M. Sobianine, un ancien chef de cabinet de Vladimir Poutine, et 27,2% pour Alexeï Navalny, l'opposant numéro un au président russe.
M. Navalny a cependant annoncé dans la soirée devant les journalistes réunis à son état-major de campagne qu'il ne reconnaissait pas les résultats délivrés par la commission électorale. Il a menacé de faire descendre ses partisans dans la rue s'il n'y avait pas de second tour.
Falsificatons
Il a d'ores et déjà appelé à un rassemblement dans le centre de Moscou lundi soir. "Ce que nous voyons, ce sont des falsifications évidentes", a déclaré M. Navalny, s'exprimant tard dans la nuit devant les journalistes à son état-major de campagne.
"Nous demandons l'annulation des votes à domicile, et l'organisation d'un second tour", a-t-il ajouté, dans une allusion à des procédures prévues pour les personnes ne pouvant se déplacer, et soupçonnées de permettre des fraudes. "Dans le cas contraire nous appellerons les citoyens à descendre dans la rue", a-t-il encore déclaré.
Son directeur de campagne, Leonid Volkov, a réclamé les chiffres de participation définitive, qui n'avaient pas été publiés en fin de soirée. Selon le chiffre publié à 18h00 locales, la participation était très faible, seulement 26,5% deux heures avant la clôture du vote.
Honnêtes
Devant plusieurs milliers de personnes rassemblées dans le centre de Moscou, M. Sobianine a lancé tard dans la soirée: "Je suis certain qu'en définitive nous allons gagner". "Nous avons organisé les élections les plus ouvertes et les plus honnêtes de l'histoire de Moscou", a-t-il également déclaré.
La radio Echo de Moscou a fait état d'informations selon lesquelles certains des spectateurs étaient des employés d'entreprises qui avaient été incités à se rendre à ce rassemblement sous menace de sanctions.
Envergure nationale
Les analystes interrogés en début de soirée ont estimé que cette élection était de toutes façons une réussite pour Alexeï Navalny. "Les résultats sont très bons, même s'il n'y a pas de second tour", a déclaré le politologue Gleb Pavlovski à l'AFP.Pour Nikolaï Petrov, un professeur de la Haute école d'économie de Moscou, M. Navalny est devenu avec ces élections "un homme politique d'envergure nationale".
Mais il a estimé que l'opposant avait été admis dans ces élections à dessein, pour en relever la légitimité dans la capitale, théâtre de grandes manifestations contre Vladimir Poutine à l'hiver 2011-2012."Le schéma choisi par le Kremlin pour ces élections a réussi", a-t-il estimé.
Condamné en juillet à cinq ans de détention pour des accusations de malversations qu'il dit fabriquées de toutes pièces, Alexeï Navalny avait été emprisonné puis libéré contre toute attente par la justice jusqu'à l'examen en appel.
Des commentateurs avaient estimé que cette décision, qui lui permettait de participer à l'élection, ne pouvait avoir été prise sans l'aval du Kremlin. "Ils vont maintenant transformer sa peine en sursis, cela va empêcher les protestations d'éclater, et en même temps l'écarter de la politique pour un moment", a estimé M. Petrov.