Moins d'un an après avoir adopté le mariage homosexuel, la France a approuvé un assouplissement du droit à l'interruption volontaire de grossesse (IVG). Dans le même temps, l'Espagne voisine étudie une loi limitant strictement le droit à l'avortement.
L'amendement adopté par les députés français, qui émane du Parti socialiste, modifie la loi Veil de 1975 instaurant le droit à l'avortement pour toute "femme enceinte que son état place en situation de détresse". Il supprime cette notion de "détresse" en la remplaçant par "le droit des femmes à choisir ou non de poursuivre une grossesse".
Tous les groupes de gauche ont voté la mesure de même que le groupe UDI (centriste) et celui de l'UMP, à l'exception de quelques-uns de ses membres. La députée Front national Marion Maréchal-Le Pen a également voté contre.
Une partie de l'UMP a aussi vivement dénoncé l'amendement socialiste, estimant qu'il "banalise" l'IVG et en fait "un droit comme les autres". Des députés UMP ont de fait déposé un amendement demandant que l'IVG, intégralement remboursée depuis janvier 2013, ne le soit plus si la notion de détresse n'est pas maintenue.
Une "Marche pour la vie" a rassemblé dimanche à Paris plusieurs milliers de manifestants anti-avortement - 16'000 selon la police, 40'000 selon les organisateurs. Plus de 220'000 avortements sont pratiqués chaque année en France et environ une Française sur trois a recours à un avortement au cours de sa vie.
La ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem a évoqué l'Espagne - où le gouvernement conservateur a présenté en décembre un projet supprimant l'avortement en dehors de cas très précis - danger pour la vie ou la santé physique ou psychologique de la femme, viol ayant fait l'objet d'une plainte - pour mettre en exergue les avancées défendues par le gouvernement de gauche.
L'amendement du groupe socialiste a été adopté dans le cadre de l'examen du projet de loi sur l'égalité entre les femmes et les hommes sur lequel les députés se prononceront mardi prochain par un vote solennel. Le Sénat, qui a approuvé ce texte en première lecture le 18 septembre, devrait procéder à sa deuxième lecture à la fin février ou en avril au lendemain des élections municipales.
En Suisse, onze ans après sa dépénalisation, l'avortement est la cible d'une nouvelle initiative. Les Helvètes diront le 9 février si les IVG continueront d'être remboursées par l'assurance maladie de base. Les initiants plaident la liberté de conscience et la lutte contre les coûts.