De Kaboul à Kandahar, les Afghans ont commencé à voter samedi matin pour choisir le successeur du président Hamid Karzaï. Il aura la lourde tâche de guider l'Afghanistan dans une ère nouvelle et incertaine avec le retrait de l'Otan prévu en fin d'année.
Le premier tour de cette élection présidentielle a débuté dans les quelque 6000 bureaux de vote disséminés à travers le pays, notamment à Kaboul où les premiers électeurs ont bravé la pluie, a constaté un journaliste de l'AFP. M. Karzaï a voté peu avant 08h00 (05h30 heure suisse) dans une école de la capitale afghane.
Contrairement à la dernière élection présidentielle, en 2009, aucune violence n'était signalée une heure après l'ouverture des bureaux de vote dans ce scrutin que les talibans ont promis de "perturber".
"Nous vivons un jour important pour notre futur, pour le futur de notre pays", a-t-il déclaré à cette occasion. "J'appelle le peuple afghan à se rendre dans les bureaux de vote, malgré la pluie, le froid et les menaces des ennemis (...) pour permettre à ce pays de franchir une nouvelle étape sur la voie de la réussite", a-t-il ajouté.
Huit candidats sont en lice pour succéder à M. Karzaï, seul homme à avoir dirigé ce pays pauvre et enclavé de quelque 28 millions d'habitants depuis la chute des talibans en 2001 et à qui la Constitution interdit de briguer un troisième mandat.
Trois de ses anciens ministres se sont clairement imposés comme favoris: Zalmai Rassoul, considéré comme le candidat du président sortant, Ashraf Ghani, un économiste réputé, et Abdullah Abdullah, opposant arrivé en seconde position en 2009.
Les résultats préliminaires de ce premier tour seront connus le 24 avril, avant un possible deuxième tour le 28 mai.
Profondément hostiles à ce scrutin qu'ils estiment téléguidés par les occidentaux, les rebelles talibans ont promis d'attaquer les bureaux de vote et le personnel chargé d'organiser cette élection, doublée d'un scrutin local devant renouveler les conseillers provinciaux. Face à ces menaces, des centaines de milliers de policiers et soldats afghans ont été mobilisés à travers le pays, notamment à Kaboul, sévèrement quadrillée samedi.
Outre l'insécurité, deux autres menaces pèsent sur ce scrutin: la fraude et l'abstention, toutes deux massives en 2009. Après les dernières attaques, plusieurs missions d'observation électorale étrangères ont décidé de quitter le pays, compliquant de facto le contrôle des fraudes.