Presque trente ans après la Marche pour l'égalité et contre le racisme, le 3 décembre 1983, des milliers de personnes ont défilé contre le racisme samedi dans toute la France. Ces rassemblements ont été organisés en réaction aux attaques contre la ministre de la Justice, Christiane Taubira.
Le principal cortège a réuni 25'000 personnes à Paris, selon les organisateurs. Des rassemblements ont eu lieu simultanément dans une centaine de villes de province et dans les départements et territoires d'outre-mer.
"Il était temps de réinvestir la rue pour porter un discours fort, solidaire, collectif", a déclaré la présidente de l'association SOS Racisme, Cindy Leoni, en tête de la marche parisienne avec les autres organisateurs (Ligue des droits humains, Ligue contre le racisme et l'antisémitisme et Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples). "La marche d'aujourd'hui doit être un point de départ" avant "d'autres formes de mobilisation".
L'idée de cette marche a été lancée par des associations de Français originaires des départements d'outremer, qui se sont sentis directement visés par les insultes à l'encontre de Mme Taubira. La ministre de la Justice, une femme noire, descendante d'esclaves née en Guyane, a été à plusieurs reprises comparée à un singe.
"Le personnel politique de droite comme de gauche a un peu abdiqué des valeurs de la République. La parole est un peu diluée sur ces questions, alors la société civile le fait", a expliqué le président de la Licra, Alain Jakubowicz.
L'avocat a attribué la relative modestie du défilé parisien au fait qu'il intervienne "assez loin de l'événement". "La mobilisation est de plus en plus difficile mais il est important de souligner l'unanimité pas si courante de la société civile", a-t-il dit.
"La participation ne pouvait de toute façon qu'être insuffisante face à la gravité de la situation", a de son côté le président de la Ligue des Droits de l'Homme, Pierre Tartakowsky.
Christiane Taubira avait déploré début novembre la tiédeur des réactions après avoir été insultée, suscitant en retour de nombreuses initiatives antiracistes en ordre dispersé. Une centaine d'organisations ont signé l'appel à manifester contre un "climat nauséabond".
Des représentants de syndicats CGT et CFDT, ont aussi défilé côte à côte, "rassemblés autour de valeurs fondamentales". Plusieurs formations, dont le Parti socialiste et le Parti de gauche, ont aussi participé à la marche.