Le second tour de l'élection présidentielle en Slovaquie opposera le Premier ministre social-démocrate sortant Robert Fico et le riche philanthrope Andrej Kiska, nouveau venu en politique. Le duel s'annonce serré: les deux hommes ne sont séparés que par 75'923 voix.
Au premier tour, samedi, M. Fico, un ex-communiste de 49 ans initialement donné grand favori, a obtenu 28% des voix, contre 24% pour son rival, selon les résultats officiels communiqués dimanche. Ce résultat rend sa position très délicate avant le second tour prévu le 29 mars.
Quatorze candidats au total ont brigué la présidence. MM. Fico et Kiska ont notamment battu le jeune et ambitieux avocat Radoslav Prochazka (21,2%), l'acteur et la figure de proue de la chute du communisme en 1989 Milan Knazko (12,8%) et le candidat de l'importante minorité hongroise Gyula Bardos (5,2%).
Les analystes s'attendent à ce que les électeurs des candidats recalés au premier tour votent plutôt en faveur de M. Kiska dans quinze jours. "L'opposition appuierait même le diable contre moi", a affirmé M. Fico devant la presse dans la nuit de samedi à dimanche.
Les détracteurs du Premier ministre craignent une concentration du pouvoir entre les mains de son parti Smer-SD. Selon l'analyste Samuel Abraham, "le thème principal de ces élections, c'est la tentative de Fico de s'approprier une position dominante au sein de toutes les composantes du pouvoir".
En effet, sa victoire donnerait à Smer-SD un contrôle total de la présidence, du Parlement (83 sièges sur 150 depuis 2012) et du gouvernement, une situation inédite depuis l'indépendance de la Slovaquie en 1993.
Dans ce pays de 5,4 millions d'habitants, M. Fico a recueilli au premier tour du scrutin présidentiel 531'919 voix, soit environ 230'000 de moins par rapport à son résultat lors des législatives de 2012. Le taux de participation samedi s'est chiffré à 43,4%.
La campagne avant le second tour pourra être chaude. Dimanche matin, M. Kiska a annoncé qu'il allait porter plainte contre son rival, en raison de ses déclarations musclées à son adresse.
M. Fico a notamment qualifié son rival d"usurier", en allusion à ses activités au sein des sociétés de microcrédit qu'il avait fondées dans les années 1990, avant d'en vendre les parts en 2005 pour se consacrer entièrement à la philantropie.