La place Taksim d'Istanbul a retrouvé mercredi une apparence presque normale après les violences de la veille entre la police et les manifestants. Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan n'exclut pas l'organisation d'un référendum à Istanbul sur le projet d'aménagement de la place Taksim, à l'origine de la fronde antigouvernementale en Turquie, a annoncé le gouvernement.
"Nous pourrions soumettre cette question à un vote populaire à Istanbul (...) en démocratie, seul la volonté du peuple compte", a déclaré le vice-Premier ministre Huseyin Celik, à l'issue d'une longue réunion entre Recep Tayyip Erdogan et des "représentants" des manifestants.
M. Celik, qui est également porte-parole du Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste) au pouvoir, a à nouveau demandé aux centaines de manifestants qui occupent toujours le petit parc Gezi, adjacent à la place Taksim, de le quitter "le plus vite possible".
Au treizième jour de la fronde contre le chef du gouvernement, la célèbre place de la mégapole turque est restée tranquille toute la journée, étroitement surveillée par d'importantes forces de l'ordre.
Les forces de sécurité avaient repris mardi matin la place Taksim, cédée le 1er juin aux manifestants qui en ont fait le bastion de leur mouvement.
Irréductibles du parc Gezi
En lisière de la place, seul le parc Gezi, dont la destruction annoncée a donné le signal de la révolte le 31 mai, narguait encore la police. Quelques centaines d'irréductibles y ont passé une journée de plus, résolus à protéger "leur" parc et ses 600 arbres.
Dans la capitale Ankara, la police était également intervenue tard mardi soir pour disperser un groupe de quelque 5000 personnes qui scandait "Tayyip, démission !".
Une réunion jugée factice
La réunion de Recep Tayyip Erdogan avec une délégation d'une dizaine de personnes, issus d'ONG ou de la société civile, experts ou artistes, a été largement remise en cause par les manifestants, qui ne veulent voir dans cette réunion qu'un rendez-vous de pure forme.
La coordination des manifestants du parc Gezi, la plateforme de 116 associations qui anime la contestation, n'a pas été conviée. Et d'autres invités, comme Greenpeace, ont préféré déclarer forfait pour dénoncer l'opération coup de poing de la police et l'intransigeance du Premier ministre.
Nombreuses critiques
Paris a préconisé "l'apaisement et la retenue" et Berlin a qualifié l'intervention de la police de "mauvais signal". Sur la même ligne, la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne Catherine Ashton a appelé M. Erdogan à privilégier "le dialogue et non la confrontation".
Parallèlement, des milliers d'avocats ont manifesté mercredi à travers la Turquie, notamment à Ankara et à Istanbul, pour dénoncer la brève arrestation la veille de 73 de leurs confrères stambouliotes qui s'étaient rassemblés pour soutenir la contestation.
La vague de protestation qui agite la Turquie a fait quatre tués et près de 5000 personnes ont été blessées.