Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a fait parler la force mardi contre les manifestants qui exigent sa démission. Il a fait évacuer manu militari la place Taksim à Istanbul, à la veille de sa rencontre annoncée avec des représentants de la contestation.
Fermement décidé à mettre un terme à la fronde politique sans précédent qui agite depuis douze jours son pays, M. Erdogan a assuré que son gouvernement ne ferait plus preuve "d'aucune tolérance" envers les protestataires.
"Je m'adresse à ceux qui veulent poursuivre ces événements, qui veulent continuer à semer la terreur: cette affaire est maintenant terminée", a-t-il déclaré devant les députés de son Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste).
Le chef du gouvernement a profité de son adresse hebdomadaire au Parlement pour annoncer le décès d'une quatrième personne depuis le début de la crise, un manifestant grièvement blessé il y a quelques jours à Ankara.
Affrontements poursuivis
Peu après 07h30 locales (06h30 en Suisse), les forces de l'ordre sont intervenues manu militari sur la place Taksim, le foyer de la fronde. Elles ont repoussé les quelques centaines de protestataires qui y avaient passé la nuit en tirant notamment des grenades lacrymogènes ou et en utilisant des canons à eau.
Après trois heures d'échauffourées, les forces de l'ordre sont parvenues à éloigner les contestataires du centre de la place.
Mardi soir, quelques centaines d'opposants restaient alignés sur un côté de la place Taksim, où flottait l'odeur âcre des gaz lacrymogènes et des feux de camp. Des heurts sporadiques opposaient encore manifestants et policiers.
Un parc et non une zone d'occupation
Les forces de l'ordre n'ont pas évacué mardi matin le petit parc Gezi, ce jardin public adjacent à la place Taksim dont la destruction annoncée a donné le coup d'envoi de la contestation le 31 mai.
Mais M. Erdogan les a clairement menacés de le faire s'ils ne l'évacuaient pas rapidement. "Le parc Gezi est un parc, pas une zone d'occupation", a-t-il lancé devant ses élus, qui l'ont ovationné à plusieurs reprises. "J'invite les manifestants sincères à regarder ce qui se passe, à comprendre le jeu qui se joue et à se retirer" du parc, a-t-il insisté.
Dans l'après-midi, plusieurs milliers de personnes étaient massées sous les 600 arbres du parc. Une vingtaine de députés du principal parti d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP), y étaient attendus en fin de journée.
La reprise, symbolique, de la place Taksim est intervenue au lendemain de l'annonce d'une rencontre, prévue mercredi, entre M. Erdogan et des représentants de la contestation.
La police a procédé mardi à des dizaines d'arrestations, dont 73 avocats qui dénonçaient, dans l'enceinte du palais de justice d'Istanbul, l'intervention de la police, selon l'Association des avocats contemporains.