Quelque 6,4 millions de Zimbabwéens sont appelés aux urnes ce mercredi pour élire leur président. Ce scrutin est déjà entaché de soupçons de fraude en faveur du président sortant Robert Mugabe, 89 ans, au pouvoir sans discontinuer depuis 33 ans.
A la veille du scrutin, Robert Mugabe, dont les précédentes élections ont été marquées par les violences et les tricheries, a voulu jouer les bons élèves de la démocratie, en promettant en direct à la télévision de respecter le résultat quel qu'il soit.
Mais au même moment, le parti de son rival historique et Premier ministre Morgan Tsvangirai dénonçait déjà des fraudes dans les listes électorales, publiées à moins de 24 heures du vote.
Electeurs fantômes
Le ministre délégué auprès du Premier ministre Jameson Timba, membre du MDC (parti de M. Tsvangirai), a remis une liste des noms d'électeurs "fantômes" aux observateurs de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), venus juger de l'honnêteté du vote avec les observateurs de l'Union africaine.
"Nous avons vu beaucoup de noms en double sur la liste, où vous voyez que des gens sont inscrits deux fois, même date de naissance, même adresse physique, mais avec une légère différence dans leur numéro d'identification", a expliqué M. Timba. "Et ce à travers tout le pays", a-t-il affirmé.
Atteintes aux droits de l'homme
M. Mugabe ayant interdit l'entrée dans le pays aux observateurs de l'Union européenne, l'avis des scrutateurs africains sera donc décisif pour apporter une validité démocratique au résultat.
L'UE notamment attend les conclusions des Africains pour éventuellement normaliser ses relations avec M. Mugabe, persona non grata en Europe depuis 2002 en raison d'atteintes graves et répétées aux droits de l'homme. Mardi, Washington a exprimé sa crainte de fraudes éventuelles.
Lors de la dernière présidentielle en 2008, M. Tsvangirai avait pris l'avantage avec 47% des voix au premier tour, contre 43% à Robert Mugabe. Les partisans du président avaient alors déchaîné la violence dans le pays, faisant près de 200 morts.
Pour éviter la guerre civile, M. Tsvangirai avait retiré sa candidature, laissant M. Mugabe seul en lice pour le second tour.