L'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest va sévir pendant au moins six mois, a affirmé vendredi la présidente de Médecins sans frontières (MSF) Joanne Liu, de retour d'un voyage de dix jours dans la région. La situation se détériore plus vite que notre capacité à y faire face, a-t-elle averti.
"Nous n'avions jamais vu cela auparavant. Il faut élaborer une nouvelle stratégie, l'Ebola n'est plus confinée seulement dans quelques villages, elle se propage dans une ville d'1,3 million d'habitants, Monrovia", a expliqué la présidente de Médecins sans frontières lors d'une conférence de presse à Genève.
Elle a affirmé qu'il règne actuellement un "climat de peur générale, comme en temps de guerre" dans la région touchée aux frontières de la Guinée, de la Sierra leone et du Libéria.
"Nous sommes confrontés à une totale défaillance des infrastructures", a-t-elle ajouté. Le cordon sanitaire établi autour de l'épicentre de l'épidémie peut être "une partie de la solution", mais il doit être accepté par la population pour fonctionner, a-t-elle averti.
Joanne Liu a lancé un appel à une coordination internationale renforcée sous la direction de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). "Tous les gouvernements doivent se mobiliser. Il faut le faire maintenant si nous voulons contenir cette épidémie", a-t-elle déclaré.
"Un engagement sur le moyen terme est nécessaire, nous parlons de plusieurs mois, d'au moins six mois, en étant optimiste", a estimé la présidente de MSF. L'ONG médicale dispose actuellement de 700 employés, dont 80 internationaux, dans sept lieux différents des trois pays touchés.
Plus de 1500 volontaires des sociétés de la Croix-Rouge de Guinée, de Sierra Leone et du Libéria sont mobilisés pour répondre à l'épidémie ainsi que 130 internationaux fournis par d'autres sociétés nationales de la Croix-Rouge, a-t-il précisé.
Le personnel de l'OMS, présent dans les zones affectées par l'Ebola, a affirmé que le bilan actuel sous-estime largement l'ampleur de l'épidémie. Selon le dernier bilan officiel, l'épidémie a fait 1145 morts.
L'OMS ajoute que 152 nouveaux cas confirmés, probables ou présumés ont été recensés en Guinée, au Liberia, en Sierra Leone et au Nigeria, ce qui porte le total à 2127.