Etendard de l'automobile triomphante au début du 20e siècle, Detroit est devenue la plus grande ville américaine à se déclarer en faillite, dernier acte en date de la lente agonie de "Motor City". La dette accumulée est vertigineuse: 18,5 milliards de dollars.
"Je prends cette décision difficile afin que les habitants de Detroit aient accès aux services publics les plus élémentaires et pour que Detroit reparte sur de solides bases financières qui lui permettront de croître à l'avenir", a expliqué Rick Snyder, le gouverneur de l'Etat du Michigan, dans un communiqué.
"La mise en faillite est l'unique solution qui permettra à Detroit de redevenir stable et viable", avait-il au préalable écrit dans une lettre qui accompagnait l'acte déposé au tribunal.
Acculée, la municipalité avait prévenu le mois dernier qu'elle serait obligée de faire défaut sur une partie des 18,5 milliards de dollars que représente sa dette. En sautant le pas, Detroit devient la plus grande ville du pays à se mettre en faillite.
Renégocier la dette
Pour sortir de l'ornière, Rick Snyder avait mandaté un expert, Kevyn Orr qui, de façon assez sobre, avait résumé les causes de cette crise en quelques points: "une mauvaise gestion financière, une population en baisse, une érosion de la base fiscale pendant ces 45 dernières années".
Echaudés par le projet de M. Orr qui prévoyait de négocier avec les créanciers de la ville, des fonds de retraite auxquels Detroit devait 9 milliards de dollars ont lancé une procédure judiciaire pour empêcher toute coupe dans les retraites de leurs souscripteurs. Mais la mise en faillite met la procédure entre parenthèses.
Prochaine étape: un juge devra désormais dire si Detroit peut se placer sous la protection de la loi sur les faillites qui lui permet de renégocier sa dette.
Mais au-delà des aspects strictement juridiques et financiers de l'affaire, la faillite de Detroit reflète la chute de l'automobile, un pan entier de l'industrie américaine qui avait connu son essor au début du siècle dernier.