Djokhar Tsarnaev, l'adolescent accusé du double attentat du marathon de Boston du 15 avril dernier, a plaidé non coupable mercredi lors de sa première comparution au tribunal fédéral de la ville. La salle d'audience était comble, remplie de familles des victimes de l'attaque qui avait fait trois morts et 264 blessés.
"Non coupable", a répété à plusieurs reprises d'une voix grave Tsarnaev, 19 ans, en tenue de prisonnier orange, pieds et mains entravés, tignasse toujours aussi indisciplinée, alors qu'on lui lisait les chefs d'accusation retenus contre lui dont 17 sont passibles de la peine de mort.
L'audience, dite d'"arraignment", a duré sept minutes. Elle a permis de signifier au jeune musulman d'origine tchétchène les 30 chefs d'accusation retenus contre lui, et d'enregistrer sa déclaration de "non coupable". Le procès n'est pas attendu avant de longs mois.
Bien intégré
Le jeune étudiant est accusé d'avoir perpétré ces attentats avec son frère aîné Tamerlan, 26 ans, tué lors d'une confrontation avec la police le 18 avril, quelques heures après que la police eut diffusé leurs photos.
Djokhar Tsarnaev, naturalisé Américain l'an dernier, avait été arrêté le 19 avril, grièvement blessé, caché dans un bateau entreposé dans un jardin en banlieue de Boston. Sur une paroi du bateau, l'adolescent qui vivait depuis dix ans dans la région de Boston et y semblait bien intégré, avait écrit ce qui ressemble à une explication.
"Le gouvernement américain tue nos civils innocents. Je ne peux pas supporter de voir ce mal rester impuni. Nous, musulmans, sommes un seul corps, vous faites du mal à l'un de nous, vous nous faites du mal à tous". "Je n'aime pas tuer des civils innocents. L'islam l'interdit (...) mais arrêtez de tuer nos innocents et nous arrêterons", y avait écrit M. Tsarnaev, qui est également accusé du meurtre d'un policier le 18 avril au soir.
"Je veux savoir pourquoi"
Sous le coup de 30 chefs d'accusation, dont ceux d'"utilisation d'une arme de destruction massive ayant causé la mort" et "attentat dans un lieu public ayant causé la mort" il risque la peine de mort.
Toutes les victimes avaient été prévenues de l'audience de mercredi, la première où elles pouvaient entrevoir l'accusé. Certaines ont préféré ne pas s'y rendre.
D'autres, comme Liz Norden, mère de deux fils de 33 et 32 ans qui ont dû être amputés chacun d'une jambe, s'étaient faites un devoir d'être là. "Je veux savoir pourquoi", avait-elle expliqué. "Je ne comprends pas comment on peut vivre dans ce pays et penser ainsi".