Pascale Burri est coiffeuse à Peseux. Il y a trois ans elle a créé les Pascalettes : des bandeaux confectionnés pour les femmes atteintes de cancer à l’aide de leurs propres cheveux. Une démarche qui lui tient particulièrement à cœur, car elle-même a été touchée par la maladie.
Alors que le mois d'octobre rose, qui sensibilise les femmes au dépistage du cancer du sein, est bien entammé, il est temps de parler cheveux. Pascale Burri est coiffeuse à Peseux. Il y a presque trois ans, elle a été la première à proposer aux femmes atteintes d’un cancer un système leur permettant de conserver leurs cheveux naturels. Grâce à la Pascalette, un bandeau de velours auquel les cheveux sont collés et qui se place autour de la tête, les femmes peuvent arborer leur chevelure naturelle même après la chimiothérapie.
Cette idée, Pascale Burri l’a développée après avoir elle aussi contracté un cancer. « La perte des cheveux c’est vraiment le gros morceau de la chimio et c’est ce qui montre à tout le monde qu’on est atteint d’une maladie », se souvient la coiffeuse assise dans sa salle à manger. « C’est ce qui a été pour moi le plus difficile à accepter. »
Pascale Burri : « Pour moi, c’est redonner vie à une matière que j’ai enlevée. »
La Pascalette se pose autour du crâne lorsqu’il n’y a plus les cheveux et il suffit de recouvrir le dessus de la tête avec un bonnet, un béret, ou n’importe quel chapeau. « On peut l’accessoiriser comme on le souhaite », ajoute Pascale Burri en montrant un modèle. Le bandeau présente quelques avantages par rapport à une perruque classique. « Dans de nombreux cas, les perruques sont synthétiques et ne sont pas confortables », détaille la coiffeuse en montrant les pressions que cela peut entrainer sur le crâne. Elle reconnait toutefois que les perruques permettent de sortir sans accessoire sur la tête. Pour autant, les mèches du bandeau peuvent être teintées et coiffées comme de vrais cheveux, contrairement aux cheveux synthétiques. « En plus de retrouver ses propres cheveux, la personne va pouvoir les adapter selon ses goûts », explique Pascale Burri.
Derrière les cheveux, une identité
Quand Pascale Burri confectionne une Pascalette, elle lit tout une histoire sur les cheveux de la personne. Derrière son travail minutieux pour coller chaque mèche aux bandeaux, se cache une grande symbolique :
« Quand j’ai les cheveux entre les doigts, c’est toujours émotionnel. »
Pascale Burri ne se souvient plus du nombre de bandeaux qu’elle a confectionné. « Je ne les compte pas », avoue-t-elle en rigolant. « D’ailleurs, j’ai du mal à me souvenir des prénoms, mais je me souviens de l’histoire de chacune de mes clientes », explique la coiffeuse, un peu gênée.
Assise à la table à manger en face de Pascale Burri, Wendy a trente-cinq ans et est actuellement en traitement pour soigner un cancer du sein. Elle a rencontré la coiffeuse grâce au bouche-à-oreille au moment où son diagnostic est tombé. « On reçoit une ordonnance pour une perruque à l’hôpital avec une liste de coiffeurs et Pascale était dans la liste, alors je suis tout de suite allé la voir », raconte-t-elle. L’histoire de la coiffeuse et son expérience avec la maladie a aussi tout de suite mis en confiance la jeune femme. « Il y avait un lien entre nous deux, elle connaissait ce par quoi j’allais devoir passer », ajoute Wendy en regardant Pascale de l’autre côté de la table.
Wendy avait été avertie par les médecins qu’elle allait perdre ses cheveux petit à petit. « C’était, à ce moment-là, ma plus grande peur », avoue-t-elle. « Au début même si on nous diagnostique le cancer, il ne se voit pas, mais quand on commence à perdre ses cheveux, les gens comprennent qu’on est malade ». Grâce à son entourage et à Pascale Burri, Wendy a été accompagné dans cette épreuve. Elle a accepté de nous livrer son témoignage.
Wendy : « Un matin je me brossais les cheveux et je me suis dit : là ça ne va pas. »
Garder ses cheveux lorsqu’on est atteint d’un cancer, c’est aussi reprendre le contrôle de son apparence. « Grâce à ma Pascalette, je peux choisir à qui je parle de ma maladie. Je ne suis plus définie que par ça », explique Wendy en regardant Pascale d’un air complice. « Vous voyez, c’est dans ces moments-là que je sais pourquoi je me lève le matin », termine Pascale Burri. /crb









