Un fils et ses deux parents comparaissaient ce mercredi devant le Tribunal criminel à Neuchâtel. Ils sont accusés d’infraction à la loi sur les stupéfiants et blanchiment d’argent à travers l’établissement public de la famille.
Une affaire de stupéfiants devant la justice ce mercredi à Neuchâtel. Un fils et ses deux parents comparaissaient devant le Tribunal criminel du Littoral et du Val-de-Travers pour des accusations d’infractions graves à la loi sur les stupéfiants et blanchiment d’argent. Le fils, âgé de 20 ans, aurait mené un trafic de cocaïne, cannabis et ecstasy avec l’aide de son père pendant une année et demie, entre décembre 2023 et juillet 2024. Les recettes de ce trafic auraient ensuite été blanchies au travers de l’établissement public des parents sur le Littoral Ouest. La mère est également sur le banc des accusés pour s’être rendue complice de ces méfaits. Deux témoins et des trois prévenus ont été interrogés en matinée.
Le fils n’a pas cherché à nier les faits, parlant d’une bêtise et expliquant regretter fortement ses actes. S’il confirme le blanchiment d’argent, il conteste toutefois l’implication de l’établissement public de ses parents dans le processus.
Là où la situation devient floue, c’est quand il s’agit de faire la lumière sur le rôle des parents dans ce trafic. Le père, semblant parfois un peu perdu, a contesté les faits qui lui sont reprochés, à savoir d’avoir conduit son fils pour des ravitaillements en France ou pour des ventes auprès de clients, mais aussi d’avoir conditionné dans des sachets des doses de haschisch. Il a répété qu’il ne savait pas pourquoi il véhiculait son fils, « il me le demandait, je le faisais car c’est mon fils, pas quelqu’un d’autre », a-t-il déclaré. Clamant qu’il ne savait pas que le trafic portait sur plus que seulement du cannabis… puis parlant de cigarettes et non d’herbe.
Du côté de la maman, la question est de savoir si elle était au courant du trafic, si elle y a participé et quel était son rôle dans le potentiel blanchiment d’argent à travers son établissement. Après des déclarations très contradictoires sur la gestion de ses comptes, privés et de son commerce, elle a répété à plusieurs reprises qu’elle ne savait rien... Peu de clarté sur la gestion de l’établissement, ni même sur qui y travaillait pour garantir une ouverture tôt le matin jusqu’à tard le soir.
Un fils qui défend ses parents, mais sans soutien en retour
Lors de sa plaidoirie, mercredi après-midi, l’avocat du jeune homme a mis à mal le rôle des parents dans l’éducation de leur fils. Il a relevé que son client est le seul à avoir pris conscience de la gravité de la situation et qu’il n’a pas pu compter sur le soutien de ses parents. Des parents qui n’auraient, selon lui, pas rempli leur rôle d’éducateurs et de garde-fou. L’avocat de la défense du jeune homme a également relevé la possibilité de réinsertion puisque son client a reçu une offre d’emploi dans une autre ville du pays : loin des potentielles mauvaises influences, loin de ses parents.
Le procureur a rappelé qu’il ne s’agit pas d’une affaire banale, mais d’un trafic de grande ampleur. Une centaine de clients a été identifiée dans tout le canton de Neuchâtel. L’acte d’accusation fait état d’acquisition de plus de 3,5 kg de cocaïne, près de 1,5 kg de produits cannabiques et 55 pilules d’ecstasy. Il est également question de revente de près de 3 kg de cocaïne à 64 clients, pour une valeur de 124'743 francs, d’environ 1 kg de cannabis pour une valeur d’environ 3'000 francs et une vingtaine de pilules d’ecstasy.
Le procureur a relevé que le fils est jeune, « un gamin », et qu’il a bien collaboré lors de l’enquête. Et qu’il a joué cartes sur table, tout en tentant de protéger ses parents. Le procureur a par contre relevé ce qu’il a qualifié de mauvaise foi du père et le manque de crédibilité de la mère, qui la rendrait coupable de complicité par omission, selon le Ministère public.
Le procureur a requis une révocation du sursis et une peine privative de liberté de 5 ans, 6 mois et 10 jours contre le fils. Trois ans pour le père, avec 6 mois ferme et finalement un an de peine privative de liberté avec sursis pour la mère. Le jugement sera rendu lundi prochain à 11h. /lgn