Le Réseau hospitalier neuchâtelois (RHNe) présente un excédent de charges de 29,5 millions de francs aux comptes 2024, alors que le budget tablait sur un déficit de 14 millions. Le virage ambulatoire s’amorce.
« La situation financière du RHNe reste préoccupante ». C’est avec ces mots que la direction du Réseau hospitalier neuchâtelois a présenté lundi les comptes 2024 de l’institution, qui affichent un déficit de 29,5 millions de francs. Le montant est deux fois plus élevé que ce que laissait présager le budget, qui misait sur un excédent de charges de 14 millions de francs. Le déficit se creuse aussi par rapport à l’année 2023 qui s’était soldée par une perte de 22 millions de francs.
Selon le communiqué du RHNe, cette péjoration s’explique par des recettes qui ont été surestimées et par une baisse de l’activité stationnaire aiguë, « avec 550 cas en moins entre 2023 et 2024 », qui a engendré une perte de 5,3 millions de francs. Pour le directeur des finances du RHNe, Léonard Blatti, on est revenu au niveau d’avant Covid.
Léonard Blatti : « On a perdu 1'000 cas en deux ans dans le domaine des soins aigus somatiques. »
Par ailleurs, les patients en attente de placement dans un EMS ont continué de peser sur les finances de l’hôpital public. Ils ont occupé 43 lits en moyenne l’an dernier, soit l’équivalent de 15'455 journées. Cela représente du personnel mobilisé pour une prestation sous-financée.
En revanche, l’ambulatoire a battu un nouveau record avec 370'805 passages enregistrés contre 358'390 en 2023. Cette activité n’a toutefois pas suffi à compenser les pertes observées dans les autres domaines.
Le RHNe prend le virage de l’ambulatoire
Le Réseau hospitalier neuchâtelois planche actuellement sur sa stratégie 2026-2030. Le RHNe entend limiter les hospitalisations et développer l’ambulatoire justement. Pour l’institution, cela passe par la mise en place de nouveaux circuits qui intègrent davantage les cabinets.
Le RHNe travaille sur un projet de centre ambulatoire à Monruz, actuellement en chantier ; un projet qui a pris du retard en raison des difficultés financières de son partenaire Admed. L'institution mise aussi beaucoup sur son partenariat avec le groupe Santé Volta qui possède de nombreuses permanences un peu partout dans le canton.
Le Réseau hospitalier neuchâtelois devra aussi composer avec l’entrée en vigueur du nouveau système tarifaire ambulatoire TARDOC, au 1er janvier prochain. Cette nouvelle tarification permettra, selon le RHNe, « une facturation plus précise des actes médicaux ambulatoires », mais son impact pour l'institution est encore difficile à cerner.
Pour la direction de l’hôpital public, miser sur l’ambulatoire signifie « préserver des capacités du stationnaire pour la prise en charge de cas lourds », dans un contexte de pénurie de personnel. Cela permet aussi de limiter les risques liés à une hospitalisation, comme une infection ou une trombose, explique Philippe Eckert, président du conseil d’administration du RHNe.
Philippe Eckert : « Le premier avantage du virage ambulatoire, il est pour le patient ».
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