Troupeau attaqué : le loup « me hante », confie un agriculteur neuchâtelois

Témoignage d’un éleveur des Montagnes neuchâteloises dont une génisse a été dévorée l’été dernier ...
Troupeau attaqué : le loup « me hante », confie un agriculteur neuchâtelois

Témoignage d’un éleveur des Montagnes neuchâteloises dont une génisse a été dévorée l’été dernier par le prédateur. Il raconte que son troupeau a fui plusieurs fois après l’attaque.

Les pâturages boisés font partie de l'ADN de l'Arc jurassien (photo d'archives). Les pâturages boisés font partie de l'ADN de l'Arc jurassien (photo d'archives).

C’est le début de la période d’estivage. Avec cette question : le loup s’en prendra-t-il à nouveau au bétail dans le canton de Neuchâtel, comme en 2023 et 2024 ? Un agriculteur qui s’est fait dévorer une génisse l’été dernier a accepté de témoigner de manière anonyme à l’heure de remettre ses vaches au pré. « Oui, ça me hante. Parce qu’on n’est plus très tranquille. On se demande si un loup peut arriver pendant la nuit, ou ce qu’on va trouver le matin. On a toujours un peu la peur au ventre », confie-t-il. 

« On a toujours un peu la peur au ventre. »

Ce fermier qui possède une soixantaine d’hectares dans les Montagnes neuchâteloises et environ 80 bovins, dont une quarantaine de vaches laitières, a découvert le cadavre d’une génisse « de sept mois et 180 kg » complètement dévorée. « Le reste du troupeau (12 bêtes) était calme. Elles étaient toutes couchées. » Plusieurs piquets en bois de la barrière délimitant le pré avaient été arrachés.


« Les vaches se perdent »

« Le garde-faune m’a averti que le loup allait sûrement revenir, alors on a déplacé les bêtes en pensant qu’elles seraient rassurées. Par la suite, on a vu que le troupeau n’était plus uni comme d’habitude. Les vaches se perdent. Un matin, vous retrouvez trois bêtes là, cinq ailleurs et une toute seule dans un autre coin du pâturage. Plusieurs fois, les vaches ont même cassé les fils pour aller plus loin. On ne sait pas si elles ont eu peur de quelque chose. Là aussi, elles n’étaient plus unies. Mais par contre, à chaque fois qu’on les retrouve, elles nous suivent, elles sont rassurées », raconte l’agriculteur.

« Le troupeau n'était plus uni comme d'habitude. »

Celui qui est aussi bûcheron l’hiver se demande si la menace du loup ne va pas inciter les paysans à ne plus faire pâturer le bétail dans les endroits les plus éloignés de la ferme. « Le pâturage boisé, c’est ce qui fait l’Arc jurassien ». Il offre une « bonne biodiversité ». « Si on n’y va plus, c’est la forêt qui va prendre le dessus. » A entendre notre interlocuteur, les éleveurs, qui sont de moins en moins nombreux, pourraient se décourager tout court : « Rallonger mes semaines de travail pour réparer plusieurs fois les clôtures m’a épuisé », confie-t-il.

Malgré la perte d’une génisse l’an dernier, le fermier ne serait pas opposé à ce que milieux agricoles et écologistes se rencontrent pour, dit-il, « essayer de se comprendre ».

« Si ça continue, on n'ira peut-être plus dans les pâturages les plus éloignés de la ferme. »

Selon le KORA, fondation suisse spécialisée dans l'écologie des carnivores et la gestion de la faune sauvage, les attaques de loup  « peuvent également induire des changements comportementaux ou physiologiques chez les proies potentielles. Des études antérieures ont montré que les bovins augmentaient leur comportement grégaire, leur vigilance, et réduisaient leur comportement de recherche de nourriture en présence de loups. »

Le KORA mène actuellement une nouvelle étude, intitulée « wolves and cattle » (loups et bovins), en collaboration notamment avec les cantons de Neuchâtel, de Vaud et du Jura. /vco


 

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