Le patron du tire-fesses chaux-de-fonnier endommagé par la tempête du 24 juillet 2023 a abattu lui-même trois des cinq pylônes de l’installation, la semaine dernière. Il devrait finir le travail cet été. Rencontre.
Sully Sandoz est en train de démonter son téléski du Chapeau-Râblé, au-dessus de La Chaux-de-Fonds. L’installation inaugurée fin 1968 avait été bien amochée par la tempête du 24 juillet 2023. Trois des cinq pylônes ont été enlevés la semaine dernière, avant la pluie qui aurait rendu une évacuation par tracteur dangereuse. Les deux derniers pylônes (les plus bas dans la pente) seront probablement supprimés cet été. Une fois que ce sera fait, la Ville reprendra son projet de nouveau remonte-pente et de restauration au pied de l’infrastructure.
Sully Sandoz, je suis allé le voir, ce lundi, après sa journée de travail. Il est assis, tranquille, dans sa véranda. C’est bien la sienne, puisqu’il est propriétaire de la buvette qu’il a construite avec son père Maurice, le premier patron du téléski. Sully Sandoz a même emménagé à l’étage il y a quelques années. « Tu veux une choppe ? », demande-t-il en écrasant sa clope.
Il a découpé les pylônes lui-même, au chalumeau
L’ancien mineur me raconte laconiquement qu’il a abattu lui-même les pylônes, comme on le ferait avec une bête malade. « Au chalumeau. Avec Cédric. » Cédric, c’est son bras droit de toujours. « Ça me coûte moins cher que les 25'000 francs que m’a proposé [une entreprise] pour tout enlever », poursuit mon vis-à-vis, avant de confier : « Le premier pylône, ça m’a fait bizarre. Le troisième, déjà un peu moins », lâche-t-il en se souvenant qu’il faisait tout là-haut il n’y a pas si longtemps, quand les hivers chaux-de-fonniers permettaient encore aux (grands) enfants de profiter d’un spot de glisse avec une vue unique, de jour comme de nuit, sur cette ville de La Chaux-de-Fonds posée à 1'000 mètres d’altitude. C’était l’époque où les soirées de ski se terminaient autour d’une fondue. Le patron était partout : sur la dameuse, à la caisse, à la distribution des arbalètes, même à la cuisine.
Mais la tempête a achevé de tout casser. De toute façon, les derniers hivers ne laissaient plus que quelques rares jours au ski alpin sur cette pente trop exposée au soleil. « Il faut encore que je digère », confie le futur retraité, qui a aussi perdu son Acroland en un seul jour à cause de la tornade, après vingt ans d’exploitation.
Priorité aux vaches !
Le maître des lieux n’est pas trop pressé de quitter l’endroit. Il va commencer par laisser paître le troupeau du fermier voisin autour des deux derniers pylônes et « un jour où ce sera sec et qu’il n’y aura plus rien (d’herbe), je les abattrai. Il faut tenir compte des gens autour », justifie Sully Sandoz.
Je jette un œil aux trois pylônes abattus, couchés dans le champ situé « sous » la buvette. Et les arbalètes ? « Elles sont parties à la ferraille », me répond sans détour mon interlocuteur. Au-dessus de nos têtes, le décor est apaisé dans ses teintes grises et noires.
Quant à la Ville, qui a des dossiers prioritaires comme les patinoires et la piste d’athlétisme, elle n’a pas avancé dans son concept de nouveau tire-fesses quatre saisons (pour le ski de fond et le VTT) au Chapeau-Râblé. Propriétaire du terrain, la Commune souhaite racheter la buvette, qui ne sert plus depuis la tempête, et la refaire tourner. /vco