Avec les premiers signes du printemps, la chorale des oiseaux a repris sa partition. Plusieurs espèces reviennent de leur migration pour nicher dans nos régions. Un voyage impressionnant et bien souvent… nocturne.
Vous les entendez sûrement depuis quelques jours : les chants d’oiseaux ont repris avec l’arrivée du printemps. Certaines espèces viennent de parcourir des centaines de kilomètres pour venir nicher en Suisse, à l’image du chardonneret élégant. Celles qui viennent tout juste d’arriver ont passé l’hiver dans le bassin méditerranéen : en France, en Espagne, en Italie ou encore au Portugal. « Des vagues d’oiseaux migrateurs vont rejoindre la Suisse en provenance du Sud jusqu’à la mi-mai », indique François Turrian, le directeur romand de Bird Life Suisse. « Au mois d’avril et mai, les migrateurs transsahariens arriveront à leur tour depuis l’Afrique tropicale. »
François Turrian : « La migration printanière va se poursuivre jusqu’au mois de mai. »
Dans le même temps, d’autres espèces d’oiseaux quittent la Suisse, comme les canards de nos lacs. Ils s’envoleront bientôt pour le Nord de l’Europe et certains iront jusqu’en Sibérie.
Vols de nuit
Ces migrations sont discrètes, puisqu’elles se produisent bien souvent… de nuit. Un horaire favorable par plusieurs aspects : certaines espèces profitent des températures plus fraîches pour survoler le Sahara, « il y a aussi moins de prédateurs susceptibles de les attraper et les conditions de vent sont parfois plus favorables » qu’en journée, complète François Turrian. Pour s’orienter, ces voyageurs peuvent compter sur leur bonne vision nocturne, la disposition des constellations, ainsi qu’à leur perception du champ magnétique terrestre.
François Turrian : « Beaucoup d’espèces sont des migrateurs nocturnes. »
En revanche, seuls 40% des oiseaux qui se sont envolés de Suisse l’automne dernier reviendront s’y poser ce printemps, en raison du taux de mortalité élevé (60%) au cours de ce parcours migratoire et de leur séjour sous des latitudes plus proches de l’équateur.
Symphonie au petit jour
Une fois arrivés dans nos régions, les oiseaux se préparent pour la nidification. Par leurs chants, les premiers mâles tentent en ce moment d’attirer les femelles et de défendre leur territoire. « Chez la plupart des passereaux, ce sont seulement les mâles qui chantent. Les femelles émettent différents cris, mais elles ne chantent pas, pour la plupart d’entre-elles », explique François Turrian. Des concerts particulièrement vocaux à l’aube, lorsque la qualité de l’air, meilleure à ce moment-là, permet de transmettre idéalement leurs sons.
François Turrian : « C’est un avantage de pouvoir chanter tôt le matin. C’est à ce moment-là où le chant porte le mieux. »
« Chaque espèce est programmée pour chanter à un moment distinct », ajoute le directeur romand de Bird Life Suisse. « Cela permet aux différents solistes de s’entendre dans ce concert, sinon nous aurions un brouhaha qui serait difficile à percevoir. » Et ce, bien que les oiseaux disposent de facultés auditives près de 40 fois supérieures à celles de l’humain. /jti