Collaboration franco-suisse pour l’école à l’extérieur

Pas de tableau, pas de chaises alignées… mais des arbres et le chant des oiseaux. Ce mercredi, des enseignants et pédagogues venus de France se sont rendus à La Chaux-de-Fonds pour participer à une rencontre inédite. Le but : échanger sur l’enseignement en extérieur, loin des murs d’une salle de classe. Les enseignants français ont ainsi pu observer des leçons données en forêt par leurs homologues. L’objectif de cette rencontre était de « développer ensemble de nouvelles ressources pédagogiques pour améliorer l’apprentissage en extérieur », indique Murielle Perret-Gentil, directrice adjointe du cycle 2 à l’École obligatoire de la Chaux-de-Fonds.

La nature comme salle de classe
Au total, 28 élèves ont pris part à cette matinée en forêt, dont sept élèves de première et deuxième année. Ces derniers sortent quatre fois par an, chaque sortie étant liée à l’une des quatre saisons. L’école en extérieur est ainsi planifiée pour les plus jeunes, tandis que les élèves de 6ème année sortent environ une fois par mois. « Il n’y a toutefois aucune obligation, chaque enseignant décide librement du moment où il souhaite enseigner à l’extérieur », précise la directrice adjointe. À La Chaux-de-Fonds, quatre canapés forestiers sont disséminés dans la Ville pour les séances d’enseignement en plein air. Murielle Perret-Gentil précise qu’une bâche est disponible pour s’y rendre par tous les temps.

L’échange au service de la pédagogie

Ce type d’enseignement ne se limite pas à la forêt, mais peut également se pratiquer dans la cour d’une école, un parc ou même un jardin. D’ailleurs, la ville de La Chaux-de-Fonds a formé près de 500 enseignants à l’école en extérieur. Cette rencontre marque le début d’une nouvelle dynamique d’échanges entre les deux pays. Un second voyage d’études est d’ores et déjà prévu pour le mois de juin prochain, où les enseignants suisses iront à la rencontre de leurs collègues français.

Un changement bénéfique
Selon Fabienne Paratte, enseignante à la Chaux-de-Fonds, l’enseignement en extérieur modifie profondément la manière d’apprendre des élèves. « Ils sont beaucoup plus à l’aise dehors, même si certains ont eu du mal à s’adapter au terrain irrégulier », ajoute-t-elle. Les enseignants soulignent les nombreux bénéfices de l’école dehors, tant sur le plan moteur que social. « Les élèves s’épanouissent, développent leur motricité et leur capacité à s’exprimer à l’oral devant leurs camarades », remarque l’une des enseignantes. Elle ajoute que certains élèves, habituellement discrets en classe, deviennent plus participatifs et prennent la parole lorsqu’ils sont en extérieur.

Apprendre en pleine nature
Cette pratique éducative n’empêche pas l’apprentissage des matières fondamentales. Par exemple, en français, les élèves réalisent une recette de pain perdu tout en apprenant à conjuguer les verbes au futur et au passé composé. En mathématiques, les plus grands sont invités à créer des formes en 3D avec les matériaux trouvés en forêt, tandis que les plus jeunes répètent les formes apprises en classe avec les ressources naturelles disponibles autour d’eux. Outre les leçons, le temps libre passé en forêt est également bénéfique pour les élèves. En plus de l’aspect éducatif, « ce moment en pleine nature offre aux enfants un espace de jeu enrichissant et créatif », souligne Marie-Laure Girault, co-directrice du réseau français d’éducation à la nature et à l’environnement (FRENE).

Des élèves conquis

Les élèves se disent enthousiastes à l'idée de faire l'école dehors. Ils apprécient être proches de la nature, jouer avec leurs amis, et trouvent ça « plus cool que la classe ». Cependant, certains préfèrent l'école à l'intérieur quand il pleut ou quand il fait froid, surtout à cause des vêtements mouillés, de la boue ou des insectes. /lal