La Cour pénale neuchâteloise a confirmé mardi la peine de première instance, soit 12 ans et 3 mois de prison, pour le quinquagénaire, qui avait tenté de se suicider et de tuer son épouse en jetant sa voiture dans le vide aux Roches-de-Moron. L'appel a été rejeté.
"Les viols se comptent en dizaines", rien que dans la dernière période de vie conjugale, a déclaré le juge Nicolas de Weck. La contrainte s'est exercée par la force physique, par des pressions psychologiques et en faisant preuve de chantage, en demandant une contrepartie sexuelle à l'achat de vêtements.
Cela dénote "une instrumentalisation des liens du mariage, qui entraîne un conflit de loyauté pour l'épouse qui ne peut que se résoudre à la soumission", a ajouté le vice-président du tribunal.
Le jugement du Tribunal criminel des Montagnes neuchâteloises prévoit que l'accusé doit poursuivre les mesures thérapeutiques institutionnelles et qu'il soit expulsé dix ans du territoire suisse. Le prévenu était arrivé du Portugal en Suisse en 2013.
Contestations de certains faits
Le quinquagénaire, qui avait tenté de se suicider et de tuer son épouse en jetant sa voiture dans le vide aux Roches-de-Moron le 15 février 2022, a contesté mardi les viols et les contraintes sexuelles devant la Cour cantonale neuchâteloise. L'accusé avait été condamné à 12 ans et 3 mois de prison par le Tribunal criminel des Montagnes neuchâteloises.
"Si l'accusé était jaloux et possessif, et qu'il a commis des actes inexcusables, il ne faut pas lui administrer une sorte de jugement global. Il n'y a pas eu de contrainte sexuelle", a déclaré l'avocat du prévenu Baptiste Hurni. La loi a désormais introduit la notion de consentement, "et c'est tant mieux", mais les faits sont antérieurs à cette modification.
Selon la défense, le prévenu n'a pas fait usage de la force et l'ex-épouse avait "la possibilité de se dérober". "Elle avait de nombreuses possibilités de s'extirper, en allant par exemple aux toilettes car, alors, son mari s'endormait. Elle pouvait aussi crier ou appeler à l'aide son fils dans la chambre d'à côté ou son amie du Portugal qui logeait sur place", a expliqué l'avocate Zélie Jeanneret.
"La victime n'était pas une personne seule, esseulée et sans repères. On ne peut pas parler de soumission", a précisé Zélie Jeanneret.
Durant l'audience, le prévenu a aussi contesté avoir menacé son épouse ou l'avoir giflée. "Si j'ai brandi un couteau, c'était pour lui dire que je préférerais me tuer, plutôt de la voir me tromper".
Climat de terreur
Le Ministère public a expliqué que l'accusé a fait recours pour voir sa peine être diminuée de quatre ans. Il a rappelé que la victime a subi durant des années des violences physiques et des menaces. "La différence de poids entre l'ex-épouse (55 kilos) et l'accusé (120 kilos) est loin d'être anodine", a expliqué Nicolas Aubert, procureur général adjoint.
"L'expertise psychiatrique a montré que le prévenu a une libido intense, une hypersexualité, un caractère impulsif et qu'il n'est pas capable de s'autoréguler", a ajouté le Ministère public. La victime n'était pas "libre de ses faits et gestes et faisait l'objet d'une surveillance incessante", a-t-il précisé.
L'avocat de l'ex-épouse, Didier de Oliveira, a déclaré: "Ma cliente vivait dans un climat de terreur. Les menaces de mort étaient quotidiennes. Sa crainte de mourir était omniprésente". Selon l'avocat, cette "atmosphère menaçante exerçait une pression psychique".
"Déni total"
L'ex-épouse, qui souffre de nombreuses séquelles physiques et psychiques en lien avec le drame, n'était pas présente à l'audience. "Ma cliente est terrorisée à l'idée que son ex-époux sorte de prison. De plus, on constate que le prévenu n'a pas de remords et qu'il est dans un déni total", a ajouté Didier de Oliveira.
La présidente de la Cour, Marie-Pierre de Montmollin, a demandé à l'accusé s'il arrivait à se mettre à la place de son épouse. L'ex- travailleur du bâtiment a répondu: "Non".
Le procureur général adjoint a rappelé qu'une mesure thérapeutique institutionnelle avait été ordonnée en première instance pour faire baisser le risque de récidive. Comment peut-elle avoir un effet si "vous continuez à nier les violences sexuelles", s'est interrogé Nicolas Aubert. "Je ne force personne", a répondu l'accusé.
Le Tribunal criminel des Montagnes neuchâteloises avait exigé en novembre 2023 une expulsion de dix ans du territoire suisse du quinquagénaire, arrivé du Portugal en Suisse en 2013. Le verdict sera prononcé à 17h.
L'affaire avait agité le canton car le prévenu s'en était pris le 15 février 2022 à sa femme, alors qu'il avait une interdiction de périmètre, en raison d'un épisode de violence survenu quelques jours auparavant.
Le prévenu avait tenté par la suite de se suicider et de tuer son ex-épouse en jetant sa voiture dans le vide aux Roches-de-Moron, un point de vue dominant le Doubs. La voiture avait plongé de 135 mètres et s'était immobilisée en contrebas grâce à des arbres.
/ATS