Avortement : « J’ai accepté de passer pour une folle »

Il y a 50 ans, le 17 janvier 1975, la loi Veil était adoptée en France donnant l’accès à l’avortement ...
Avortement : « J’ai accepté de passer pour une folle »

Il y a 50 ans, le 17 janvier 1975, la loi Veil était adoptée en France donnant l’accès à l’avortement aux femmes. Claudine Stähli-Wolf se souvient bien de cette époque, notamment l’affaire neuchâteloise qui a ravivé les débats en Suisse.

L'actuel bâtiment Numaga accueillait la clinique des Bluets jusqu'en 1973. L'actuel bâtiment Numaga accueillait la clinique des Bluets jusqu'en 1973.

Le 17 janvier 1975, la France adoptait la loi autorisant l’interruption volontaire de grossesse (IVG) portée par la ministre de la Santé de l’époque Simone Veil. La dépénalisation de l’avortement en France est une des victoires féministes majeures en Europe. À partir de cette date, les femmes ont le droit de recourir à l’IVG dans un cadre légal et sécurisé. Depuis la Suisse, les femmes de l’époque observent et s’enthousiasment de cette nouvelle liberté accordée aux Françaises. « L’avortement était illégal », explique Claudine Stähli-Wolf, première conseillère communale à La Chaux-de-Fonds. « Il l’est encore aujourd’hui d’une certaine manière, il y a une loi qui l’autorise, mais sous certaines conditions. ».

La Chaux-de-Fonnière se souvient bien de cette période. Claudine Stähli-Wolf a elle-même eu recours à une interruption volontaire de grossesse en 1970. « On avait accès à l’avortement, mais c’était très restrictif », détaille-t-elle. Pour se faire avorter, les femmes devaient avoir l’accord d’un médecin et celui d’un psychiatre, le tout dans des délais très courts.

Claudine Stähli-Wolf, ancienne conseillère communale à La Chaux-de-Fonds : « Il fallait vraiment qu’on soit folle. »


L’affaire de la clinique des Bluets

Au-delà de la loi Veil, c’est une affaire neuchâteloise qui a relancé le débat sur l’IVG en Suisse. En 1970, trois médecins sont arrêtés dans la clinique des Bluets à La Chaux-de-Fonds (rue Numa-Droz, 208) pour avoir pratiqué illégalement des avortements. Ils sont tous les trois condamnés en 1974 à un an de prison avec sursis et à une amende de plusieurs milliers de francs. Devant cette condamnation, les femmes s’indignent :

Claudine Stähli-Wolf : « C'est apparu comme une injustice. »

Aujourd’hui, l’avortement est toujours condamnable selon le Code pénal suisse. « Les processus sont très lents », rappelle Claudine Stähli-Wolf. Et d’ajouter que même si des lois sont aujourd’hui effectives, les stéréotypes persistent. « La libération des femmes est un long combat », estime l’ancienne conseillère communale.

Claudine Stähli-Wolf a 75 ans et les reculs opérés par certains pays en matière de droit des femmes dans l’actualité la laissent « angoissée et pleine de colère ». « Les combats qu’on a menés ont été très longs et de voir ce genre de réponse de la part de la société, notamment aux États-Unis avec l’IVG, est consternant et effrayant », affirme-t-elle. Et de terminer en ajoutant que les combats continuent et que rien n’est acquis. /crb


 

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