Frôler les limites du montrable, à travers quatre objectifs féminins. La Galerie C à Neuchâtel montre ce qu’on ne veut pas ou plus voir. L’exposition « Je suis une hors-la-loi » affiche les photographies de quatre artistes féminines de tous horizons du 16 janvier au 1er mars. « Cette exposition est partie d’un constat », explique Christian Egger, directeur de la Galerie C : « On voit dans l’actualité que l’on régresse dans de nombreuses libertés : le droit à l’intervention volontaire de grossesse aux États-Unis par exemple ou les droits des personnes LGBTQIA+ dans les pays de l’Est. » « Je suis une hors-la-loi » montre qu’il faut souvent passer par la case hors-la-loi quand on veut défendre les droits et les libertés que l’on pense juste. « Être hors-la-loi c’est oser réagir », glisse Christian Egger.
La censure et la réflexion sur ce qu’on montre et ce qu’on ne montre pas sont au cœur de cette exposition. Les images ne sont pas choquantes et se veulent douces. « Elles nous font réfléchir », explique Christian Egger.
Christian Egger, directeur de la Galerie C : « Toutes ces choses-là sont questionnées. »
Quatre regards de femmes
Le directeur a choisi quatre femmes pour cette exposition. Ce n’est pas un hasard. « Parfois, les femmes sont plus courageuses pour défendre leur droit », explique Christian Egger en donnant l’exemple de l’étudiante qui s’était affichée en sous-vêtements devant l’Université de Téhéran en novembre 2024.
Dans ses images, la photographe américaine Maude Arsenault montre le corps féminin. Souvent sexualisé par le regard masculin, le corps de la femme est brut sur les photographies de l’artiste. Elle redonne à la féminité son autodétermination et sa subjectivité, une manière pour la femme de se réapproprier son corps ainsi que son image.
Dans l’objectif de l’artiste Alexandra Catières, lauréate du Prix Camera Clara en 2024, des portraits en noir et blanc. À travers des regards biélorusses, français en passant par les américains, la photographe cherche une sorte d’universel. Des émotions qui nous relient tous : la douleur, la tristesse et la mort.
Sara Kontar, photographe syrienne, documente la vie des femmes qui ont fui la guerre dans son pays. Comment ces dernières se créent un nouveau chez-soi, loin de leur racine. Notamment en ritualisant le fait de se couper les cheveux.
Sara Kontar, photographe : « J’essaye de raconter une narration qui parle de l’exil. »
Dernière femme derrière l’objectif de cette exposition : l’Ukrainienne Katherine Turczan. Ses photographies montrent la jeunesse ukrainienne des années 90 à 2000. Les portraits d’adolescents et d’enfants laissent voir les oubliés des traumatismes collectifs comme Tchernobyl et la chute de l’Union soviétique. Ces photos font aujourd’hui particulièrement écho à l’invasion russe en Ukraine en 2022.
Le vernissage de cette exposition aura lieu jeudi 16 janvier à la Galerie C à Neuchâtel dès 18h. Samedi 25 janvier un concert de gospel est au programme, et une visite guidée de l’exposition sera organisée le 12 février à 18h. /crb