« Nommer les Natures » s’ouvrira le 15 décembre au musée d’histoire naturelle de Neuchâtel. À travers cette nouvelle exposition temporaire, le musée questionne une collection issue de son héritage colonial.
« Il faut reconnaitre notre responsabilité ». C'est par ces mots que le directeur du musée d'histoire naturelle de Neuchâtel, Ludovic Maggioni a inauguré sa nouvelle exposition temporaire jeudi matin. Intitulée « Nommer les Natures », elle s’ouvre au public du 15 décembre 2024 au 17 août 2025 et met en avant une collection particulière issue de l'héritage colonial du musée. Il s'agit principalement de spécimens d'animaux rapportés du Pérou à Neuchâtel par le naturaliste suisse Johann Jacob von Tschudi. En 1838, il est mandaté par le musée d'histoire naturelle pour faire ce voyage, afin « d'enrichir » les collections du musée.
« Le musée fait face à la réalité dans cet exercice de regard critique. C’est une manière de dire et de montrer qu’il a participé à l’entreprise coloniale dans ces années-là », estime le directeur. Cette exposition met en évidence l’appropriation du patrimoine naturel par les scientifiques occidentaux, souvent sans tenir compte de l’héritage et de l’expertise locale. Elle participe à réfléchir aux formes que peuvent prendre les processus de réparation.
La presse a eu l’opportunité de découvrir l’exposition en avant-première jeudi. Le directeur du musée d'histoire naturelle de Neuchâtel, Ludovic Maggioni nous ouvre les portes de « Nommer les natures » :
Les noms pour comprendre les traces coloniales.
C’est à travers le décorticage des noms des spécimens exposé dans la collection que les équipes du musée illustrent les traces coloniales. « Ainsi l’exhibition permet de mieux comprendre les persistances actuelles de l’esprit des scientifiques européens du 19e siècle », explique Ludovic Maggioni. Le public pourra par exemple découvrir pourquoi le cochon d’Inde, qui n’est ni un cochon ni originaire d’Inde, porte ce nom.
« Tout au long de l’exposition, le public est pris par la main », détaille le directeur. Un soin particulier a été porté à la réception de ces informations par le public qui peuvent quelques fois s’avérer difficiles. « Chaque vitrine d’exposition est cachée par un rideau, ainsi c’est le visiteur qui choisit de l’ouvrir et de regarder ou pas les spécimens exposés dans la collection ». Et d’ajouter que c’est un moyen d’illustrer la réflexion qui est menée par le musée sur la possibilité d’exposer ces collections ou pas. À la fin de l’exposition, les visiteurs pourront également adresser une lettre au musée racontant leurs impressions et donner leurs avis. « On s’intéresse beaucoup à la réception de cette exposition par le public, ainsi on participe à améliorer la communication sur cet héritage colonial », termine le directeur. Dès le 15 décembre 2024, une visite guidée et gratuite sera proposée aux visiteurs tous les dimanches matin jusqu’à mars. /crb