De la belle horlogerie, Swiss made, à prix abordable, c’est ce que fait l’entreprise BA111OD à Neuchâtel depuis 5 ans. Pourtant, rien ne la prédestinait à ça. Son fondateur, Thomas Baillod, voulait au départ éprouver le modèle économique qu’il avait imaginé pour la branche. L’idée de départ était simple : réduire les marges de distribution, qui représentent environ 65% du prix de vente, pour permettre à tout un chacun de s’offrir un bel objet, sans toucher à la qualité. L’acheteur a trois canaux à sa disposition : un autre acquéreur, le e-commerce ou la boutique traditionnelle.
Le concept a fait ses preuves. Après cinq ans, BA111OD compte environ 10'000 clients, principalement en Suisse romande. Ses pièces - Swiss made, mécanique ou automatique, entièrement réalisées dans l’Arc jurassien - s’achètent, entre 500 et 9'400 francs.
Évidemment, des montres de cette qualité à des prix si bas, ça a suscité « des sourires, de l’incompréhension, des haussements d’épaules et des attaques. Des gens m’ont traité d’imposteur », se souvient Thomas Baillod. Certains « sont allés chercher des évidences jusqu’en Asie. Ils se sont cassé les dents. Mon tourbillon est 100% Swiss made », sourit-il.
Reste la problématique de l’effet snob, ou effet Veblen. « Si on augmente le prix d’un bien de luxe, les gens auront tendance à l’acheter de plus en plus, à avoir plus confiance », explique le CEO de BA111OD. « Moi je m’adresse à des gens qui boivent le vin, mais pas l’étiquette, des gens qui s’intéressent au produit lui-même. »
Thomas Baillod, CEO de BA111OD : « Je m’adresse à des gens (…) qui face à un produit bon marché vont se poser la question : est-ce que c’est de moindre qualité ou est-ce que c’est (…) une montre dont le modèle d’affaires permet de repenser des marges. »
Pour lancer son affaire, Thomas Baillod s’est d’abord approché de « super propagateurs », des gens très actifs dans l’horlogerie. Les réseaux sociaux et le bouche-à-oreille ont fait le reste.
Après cinq ans, la marque née à Neuchâtel a tenu à rendre hommage à son canton. Elle a créé une collection « Métiers d’art » qui revendique son ancrage local, écrivait N+, le journal officiel de la Ville de Neuchâtel, dans son édition du 6 novembre.
Sur le cadran de chacune des trois pièces, on y trouve une décoration à l’aquarelle réalisée par l’urban sketcher Célestine Sahli représentant la ville de Neuchâtel, le Creux du Van et La Chaux-de-Fonds.
Au fil du temps, ce qui était un concept a donc donné naissance à une véritable entreprise horlogère. L’occasion pour son patron de se plonger dans son arbre généalogique et de constater que les Baillod œuvrent dans l’horlogerie depuis 250 ans.
« Il y a une intimité de la famille Baillod avec l’horlogerie. »
La première des trois montres de la collection « Métiers d’art » est sortie le 11 octobre, la deuxième le 11 novembre et la dernière le 11 décembre. Toutes les trois seront disponibles jusqu’au 11 janvier. /cwi