Le Groupement Romand d’Etudes des Addictions a élaboré un guide des bonnes pratiques à destination des journalistes. Selon l’organisation, les médias jouent un rôle essentiel dans la perception des personnes ayant une consommation problématique.
L’addiction ne touche pas que les personnes marginalisées. « Nous sommes toutes et tous potentiellement concernés. Plusieurs facteurs de risque existent, tels que les conditions de vie, la santé mentale, les relations sociales ou encore l’insertion », explique Benjamin Ravinet de l’association Itinéraires. (Photo : illustration)
Il est nécessaire de déconstruire l’image que l’on associe aux personnes en situation d’addiction. Le Groupement Romand d’Etudes des Addiction (GREA) a récemment publié un ensemble de recommandations visant à éviter le renforcement des préjugés à leur égard.
On parle d’addiction lorsqu’un individu perd son autonomie dans son rapport à un comportement ou à une substance, qu’elle soit légale ou non, prescrite ou non. « Cela engendre une souffrance et modifie la relation de la personne avec le monde qui l’entoure », explique Benjamin Ravinet. « Nous sommes tous potentiellement concernés. En parler librement contribue à faciliter l’accès aux soins ». Travailleur social et responsable d’une équipe mobile au sein de l’association Itinéraires, active dans les Montagnes neuchâteloises, le Jura bernois et les Franches-Montagnes, il estime que les médias jouent un rôle de passerelle entre la population et les différents acteurs de la société. « Les journalistes peuvent accomplir un travail considérable d’éducation populaire en matière de consommation problématique ».
Le poids des mots
Pour lutter contre les stéréotypes sur les personnes en situation d’addiction, le GREA a créé un guide pratique destiné aux professionnels des médias. Ce document recommande notamment d’éviter l’usage de termes stigmatisants tels que « drogué », « ivrogne », « toxicomane » ou encore « usager de drogue ».
« Le langage est un outil central pour donner du sens à notre environnement », rappelle Benjamin Ravinet. « En utilisant ces étiquettes, on enferme les personnes dans des boîtes ». Etant donné que tout le monde peut être concerné par l’addiction, il suggère de privilégier des expressions centrées sur l’humain, comme « des personnes qui consomment des substances », « des personnes avec une problématique d’alcool » ou encore « des personnes en situation d’addiction ».
Une portée politique
En réduisant les préjugés, la stigmatisation et les discriminations envers les personnes consommatrices, les médias peuvent également influencer positivement les politiques publiques sur la question de l’addiction.
Benjamin Ravinet : « Notre politique est en avance sur certains sujets, mais elle pourrait l’être davantage si les débats se faisaient dans un climat plus apaisé.
« Le risque c’est de ne pas se sentir concerné, de stigmatiser les gens qui sont concernés, et de leur rendre peut-être l’accès aux soins encore plus difficile », conclut Benjamin Ravinet. /ddc-lgn