Les insectes se font une place dans les foyers. Ils se hissent au rang d’animaux de compagnie. L’exemple le plus frappant est peut-être celui de la Phidippus regius. Une petite araignée poilue originaire de l’est des États-Unis, de Cuba, de la Jamaïque et des Antilles. Elle mesure de 6 mm à 2 cm et ses couleurs varient du noir au gris en passant par l’orange vif. Ses chélicères (crochets) portent des couleurs métalliques, vert pour les mâles, bleu violet pour les femelles.
Pour anticiper ce phénomène, et parce que les insectes « c’est la base, il y en a partout ! », le refuge Reptile-Reptilien du Locle a décidé de leur faire de la place. Ses responsables et bénévoles ont conçu le premier insectarium didactique de Suisse.
« Les insectes, ça n’est pas ma tasse de thé », confie Carlos Rodriguez, le directeur et fondateur du refuge. « On avait tous des appréhensions avec les insectes et on s’est surpassé, grâce à l’information. On a découvert un monde fascinant. »
Quatre-vingt-six espèces y sont présentées : une vingtaine de sortes de mantes religieuses, des scarabées, des blattes (« elles sont comme des bijoux, d’émeraude au bleu métallisé, avec un caractère très calme »), des scorpions, des phasmes, des tarentules ou des fourmis. Un éventail de couleurs et de formes, sans danger pour les visiteurs.
Carlos Rodriguez : « La nature est bien faite, elle a fait vraiment pour tous les goûts. »
À l’insectarium didactique, on ne voit que des espèces venues d’ailleurs. En Suisse, les insectes sont protégés. « Leur capture est interdite. On ne voulait pas montrer le mauvais exemple », explique Carlos Rodriguez.
« On ne va pas mettre en danger nos insectes suisses en les capturant. »
Cet insectarium est autonome. Cela signifie que les différentes espèces qui y sont présentées se reproduisent. Les nouveau-nés remplacent ainsi dans les terrariums les individus qui passent de vie à trépas.
L’équipe du refuge travaille à la reproduction depuis le mois de décembre dernier. Tout ne s’est pas passé sans mal. « On a commencé par un échec. » Pour mener à bien le projet, les responsables et les bénévoles se sont attachés les services d’un expert et de chercheurs. « On se fait guider par des gens bien plus expérimentés que nous pour devenir meilleurs. »
Avec cet insectarium, Carlos Rodriguez vise un but pédagogique, avec des présentations de spécialistes et de scientifiques, y compris pour les gens qui ont peur des insectes. Mais ce ne sont pas des séances anti-phobiques, précise le directeur : « ça, c’est le travail d’un psychiatre. Ici, on n’en peut pas solutionner ce genre de problème. »
Il s’agit aussi de guider les gens qui souhaitent adopter des insectes de compagnie. Des espèces qui demandent moins de place et d’investissement que les traditionnels chats et chiens ou les serpents et autres reptiles. Pour les insectes, « on a besoin d’un petit terrarium bien équipé. » L’engagement est également moins long, dans la mesure où « l’espérance de vie moyenne d’un insecte est de 24 mois. » Bien moins que les 12 à 18 ans qu’il faut à un minet pour épuiser ses sept vies.
L’insectarium didactique du Locle organise des portes ouvertes ce samedi 14 septembre de 10h à 17h. Le reste du temps, il est ouvert en même temps que le refuge Reptile-Reptilien, tous les mercredis après-midi, de 14h à 17h. /cwi