Coup de projecteur sur les eaux souterraines

Elles sont invisibles, mais indispensables. Les eaux sous terraines suisses jouent un rôle ...
Coup de projecteur sur les eaux souterraines

Elles sont invisibles, mais indispensables. Les eaux souterraines suisses jouent un rôle important dans l’approvisionnement en eau potable du pays. Mais face au dérèglement climatique et à une pollution croissante, ces ressources sont menacées. En préambule du Congrès mondial des eaux sous terraines qu’il organise à Davos, le Centre d’hydrogéologie de l’UNINE a fait le point jeudi sur la situation.

Daniel Hunkeler, directeur du CHYN, dans la station de pompage intercommunale de la plaine d’Areuse, à Boudry. Daniel Hunkeler, directeur du CHYN, dans la station de pompage intercommunale de la plaine d’Areuse, à Boudry.

« Ce qui part dans les nappes aujourd’hui, c’est ce que nos enfants et petits-enfants boiront dans quelques années. » Daniel Hunkeler est directeur du Centre d’Hydrogéologie et de Géothermie de l’Université de Neuchâtel (CHYN). En marge du Congrès mondial des eaux souterraines qui se tiendra à Davos du 8 au 13 septembre, il a fait le point jeudi sur la situation actuelle, depuis une station de pompage de la plaine d’Areuse. « L’avantage de l’eau issue des nappes souterraines, c’est qu’elle est naturellement filtrée », explique-t-il. En effet, une grande majorité de l’eau potable consommée dans le pays provient de ces nappes. Or, il est possible que sans mesures préventives, la qualité de ces eaux se dégrade rapidement.


Des enjeux économiques

« Aujourd’hui, beaucoup discutent de la potentielle installation de stations de traitement qui coûtent des millions afin de dépolluer ces eaux. » Comme le précise le professeur au Centre d’hydrogéologie, « c’est une évolution économique à éviter. » Mais pour ce faire, il est nécessaire selon lui de prendre des mesures en amont, afin de prévenir une pollution trop importante. Aux yeux de Daniel Hunkeler, « même si la conscience de ces problématiques est aujourd’hui plus importante que jamais, il s’agit maintenant de prendre des mesures concrètes. »

Daniel Hunkeler : « Est-ce qu’il faut commencer à construire des stations de traitement qui coûtent des millions ? »

Réfléchir à la verticale

« Désormais, il faut adopter une réflexion verticale et ne pas prendre en compte uniquement ce qui est à la surface », déclare Daniel Hunkeler. Mentionnant les débats sur l’injection de CO2 dans le sol, voire de potentiels déchets nucléaires, le scientifique rappelle que beaucoup de l’eau que l’on boit provient de ces mêmes sous-sols. « Peut-être qu’un jour, on aura de l’eau gazeuse ! », glisse-t-il en souriant. Mais comme le rappellent les experts présents sur place, le plus gros enjeu en hydrogéologie reste l’accessibilité. « On peut voir ce qu’il y a comme niveau d’eau dans un puits, mais si ce dernier augmente ou diminue, il est difficile d’identifier la source du changement », explique le scientifique. Pour pallier ce défi, de nombreux outils sont en cours de développement. Parmi eux, le gravimètre, qui permet de capter les variations dans le champ gravitationnel terrestre et ainsi, repérer les endroits où il y a de l’eau, principalement sur les grandes plaines.


« Neuchâtel comme terrain de jeu »

Parmi les outils utilisés par le CHYN afin de développer ses recherches, il y a aussi le terrain naturel en lui-même. En effet, les nappes du Jura, le plateau de l’Areuse ainsi que le lac confèrent au canton un rôle important dans la recherche mondiale sur les eaux souterraines. Comme le précise Daniel Hunkeler, « c’est un terrain de réflexion très intéressant et ça permet à l’Université de gagner une reconnaissance mondiale. » /mkr


« C’est une chance pour l’avenir. »


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