Le Grand Conseil neuchâtelois a revu à la baisse les ambitions du Conseil d’État en matière de stratégie numérique. Le gouvernement espérait faire valider une enveloppe de plus de 75 millions de francs, découpée en deux crédits : l’un de 44 millions de francs, dédié aux systèmes d’information, et le second de 31,2 millions de francs pour le renouvellement des infrastructures informatiques, le tout pour les années 2024 à 2029. Le législatif a choisi de ramener ce montant à près de 60 millions de francs.
Bon nombre de députés, de gauche comme de droite, ont déploré un manque de priorisation des projets. « Il est illusoire de penser tout faire dans ce laps de temps », a martelé Patrick Erard, du groupe VertPOP. Le Grand Conseil a ainsi accepté de suivre la commission parlementaire qui proposait de retrancher 14 millions de francs au premier crédit et 1,2 million au second montant.
Le Parlement a, par ce vote, choisi de sortir du projet trois logiciels dédiés respectivement au Service des contributions, à la Police neuchâteloise et à la Justice. Le gouvernement est ainsi invité à réaliser un rapport propre à ces questions avec des coûts chiffrés plus précisément. La conseillère d’État en charge de la digitalisation Crystel Graf a indiqué pouvoir vivre avec cette solution. « Ce n’est pas une coupe, mais une scission », a-t-elle déclaré.
Crystel Graf : « C’est une grande satisfaction d’avoir obtenu les montants nécessaires à cette stratégie numérique. »
La coupe de 1,2 million de francs au second crédit doit quant à elle inciter l’administration à prolonger la durée de vie des équipements, selon le rapporteur de la commission Niel Smith.
De son côté, le groupe socialiste a tenté, sans succès, de retrancher du projet la somme de 800'000 francs dévolue au vote électronique. Pour les députés du PS, le système n’est aujourd’hui pas fiable et ne doit pas être relancé. Le groupe a toutefois obtenu gain de cause en faisant passer un postulat sur la question de la santé au travail en lien avec les développements informatiques.
Une assise financière pour le Service informatique de l’entité neuchâteloise
Cette enveloppe financière doit permettre au SIEN, le Service informatique de l’entité neuchâteloise, de poursuivre ses missions et d’étoffer ses prestations. Le SIEN assure des solutions informatiques pour quelque 100'000 utilisateurs de l’administration publique et gère notamment les 200 prestations du Guichet unique.
Parmi les développements envisagés, il est question d’introduire une identité numérique qui permettrait d’accéder aussi bien au Guichet unique qu’au dossier électronique du patient. Le gouvernement vise également une administration sans papier. Pour la conseillère d’État Crystel Graf, « la digitalisation doit avoir du sens, une plus-value ». Il ne s’agit pas « juste de mettre une couche de numérique sur l’existant, mais « d’optimiser les processus, de les simplifier et de diminuer la bureaucratie », tout en assurant une sobriété énergétique. Le rapporteur de la commission Niel Smith a de son côté plaidé pour une numérisation qui reste accessible à toute la population. Cette préoccupation est partagée par le député vert Patrick Erard qui évoque cette « partie de la population qui vit une fracture digitale et qui se sent un peu perdue ».
Patrick Erard : « Il ne faut pas négliger le fait qu’il y a une peur du changement. »
C’est ainsi un jeu d’équilibriste qui attend le gouvernement dans les années à venir. /sbm