Les infractions au Code pénal ont augmenté de 7% dans le canton de Neuchâtel en 2023. Une hausse plus mesurée que la moyenne suisse, qui est de 14%. Les violences graves, sexuelles et domestiques sont en recul, alors que la cybercriminalité augmente de plus en plus
Le canton de Neuchâtel a vu les infractions sur son territoire augmenter de 7% en 2023. La Police neuchâteloise a présenté ce lundi matin sa statistique de la criminalité pour l’année dernière. Elle a enregistré 12'242 infractions au Code pénal, contre 11'416 en 2022. La cible principale reste le patrimoine physique ou numérique, avec une augmentation de 9%, ce qui représente presque trois quarts des infractions totales.
Parmi les 2'772 prévenus qui ont été identifiés, 78% sont des hommes et 22% sont des femmes. Un peu plus de 300 mineurs ont commis des infractions en 2023. Sami Hafsi, commandant de la Police neuchâteloise, précise que le « profil type » n’a pas beaucoup évolué. « Il s’agit d’un homme majeur résidant le canton ».
Moins de violences graves
Une augmentation globale de 3% des violences a été constatée en 2023. Cependant, les violences graves ont baissé de 15% dans le canton. Un seul homicide a eu lieu en 2023. Une femme a perdu la vie dans un contexte de violences conjugales. Selon les statistiques, les violences domestiques ont reculé de 4% et dans trois quarts des cas, ces infractions concernent des couples et ex-couples. Les infractions sexuelles ont quant à elles baissé de 14%. Cette baisse des violences graves est réjouissante, mais à prendre avec prudence, relève Simon Baechler. « On ne peut pas crier victoire non plus, c’est quelque chose de fragile », avertit le chef de la police judiciaire.
Simon Baechler : « c’est un travail permanent de la police et d’autres services pour éviter que ces violences se réalisent »
Simon Baechler parle de cas annoncés, car c’est la limite de cette statistique de la criminalité : elle ne peut se baser que sur les infractions connues des services de police et pas sur l’ensemble des potentiels cas. Des « chiffres noirs », comme les appelle la police, qui nécessitent de nuancer la statistique globale.
Les cyber-escroqueries plus nombreuses que les cambriolages
De plus en plus de cybercrimes ont été commis en 2023. Une augmentation de 50% d’infractions liées à la cybercriminalité a été observée. Cela représente 10% du total des crimes enregistrés. Les cyber-escrocs détrônent pour la première fois les cambrioleurs, avec un bond de 59%. C’est une hausse qu’on peut appeler historique, admet Simon Baechler. « Cette menace existe, s’accélère, augmente et est toujours plus présente dans le canton », déplore le chef de la police judiciaire.
Simon Baechler : « Cela nécessite des réponses de la police, mais aussi des particuliers et des entreprises »
Le montant total des préjudices s’est élevé à 6,8 millions de francs pour les victimes concernées en 2023. Pour répondre à cette hausse, la Police neuchâteloise a mis en place une brigade dédiée à la cybercriminalité l’année dernière, rappelle-t-elle.
Hausse des vols dans des véhicules
Sur les 8'653 infractions au patrimoine enregistrées en 2023, la moitié sont des vols. Un recul de 13% a été observé pour les vols à l’arraché. Les véhicules ont été les plus touchés en 2023, avec une augmentation de 35% dans le canton et de 71% à l’échelle suisse. Malgré la prévention accrue des forces de l’ordre, de plus en plus de véhicules sont cambriolés. « On l’entend souvent, mais ça change assez peu les pratiques de vie malheureusement. Pourtant les mesures sont assez simples », déplore le chef de la police judiciaire.
Simon Baechler : « Une voiture n’est pas un coffre-fort ! »
En parallèle de la statistique cantonale, la Police neuchâteloise a présenté les évolutions pour les villes de Neuchâtel (+12%) et La Chaux-de-Fonds (+14%), mais aussi celles de la commune de Boudry, qui montre une diminution de 7% des infractions au Code pénal. « Il y a des oscillations un peu vers le haut, un peu vers le bas au fur et à mesure des années », tempère Simon Baechler. Le chef de la police judiciaire précise que ce n’est qu’une minorité des requérants du Centre fédéral de Perreux qui sont des auteurs, mais que cette petite minorité est très active, selon les périodes.
De son côté, Val-de-Ruz a lui vu ses infractions baisser de 21%, grâce à l’identification d’un fraudeur de marchandise, précise la Police neuchâteloise dans son communiqué.
« Il fait bon vivre à Neuchâtel »
En conclusion, malgré cette hausse l’année dernière, le bilan tiré par le Conseil d’Etat et la Police neuchâteloise est plutôt positif. La criminalité a en effet baissé de 24% en 10 ans. Ce qui a mené le conseiller d’Etat en charge de la sécurité Alain Ribaux à conclure « qu’il fait bon vivre à Neuchâtel ». Mais le sentiment de sécurité de la population n’est pas forcément meilleur. « Il y a certains événements qui ressortent médiatiquement et qui font de l’émoi », relève Sami Hafsi, commandant de la Police neuchâteloise.
Sami Hafsi : « Ces événements prennent plus de place que la statistique de la criminalité »
Le commandant de la Police neuchâteloise précise également que pour améliorer ce sentiment de sécurité de la population, les forces de l’ordre doivent identifier les lieux « d’insécurité » et renforcer leur présence et leur visibilité dans ces endroits. /comm-fba-lgn