Une affaire de brigandage a occupé lundi les juges du Tribunal criminel des Montagnes et du Val-de-Ruz. Cinq prévenus sont accusés d’avoir tabassé et séquestré un homme qui devait de l’argent à l’un d’eux. Le Ministère public réclame des peines ferme allant de trois ans et demi à quatre ans de prison. La défense plaide l’acquittement
Cinq hommes sont accusés de brigandage à La Chaux-de-Fonds. Seul trois d’entre eux se sont présentés lundi devant le Tribunal criminel des Montagnes et du Val-de-Ruz. Les deux autres ont été dispensés de comparaitre par la justice. Les faits se sont déroulés en novembre 2021. Il est notamment reproché aux accusés d’avoir tabassé, séquestré et menacé à plusieurs reprises un homme qui devait de l’argent à l’un d’eux. Lors de l’audition des prévenus et du plaignant principal, les juges ont dans un premier temps tenté de démêler les différentes versions de cette affaire.
« Ces évènements ont changé ma vie »
Ce sont les mots utilisés par le plaignant, ce matin, lors de son interrogatoire. Selon lui, il aurait rejoint l’appartement d’un des prévenus dans la Métropole horlogère pour régler une dette. Arrivé sur place, il se serait fait accueillir dans la cage d’escalier par les prévenus. Ceux-ci l’auraient alors montré de force dans l’appartement, tout en le frappant. Le rapport médical de l’enquête indique que les coups reçus ont notamment entrainé chez le plaignant une fracture du plancher orbital gauche.
Selon les déclarations de la victime, le passage à tabac aurait duré 45 minutes. Les accusés l’auraient également menacé, ainsi que sa famille, de mort et lui auraient réclamé une somme de 40'000 francs, dont 10'000 à verser en liquide, le soir même.
Les prévenus nient
Interrogés à leur tour, les trois prévenus ont nié cette version. S’ils admettent avoir été sur place le soir des faits, aucun des trois n’a reconnu avoir frappé le plaignant à cette occasion. Deux d’entre eux ont toutefois admis qu’ils n’avaient rien fait pour tenter d’éviter l’escalade de violence. Enfin l’un d’entre eux a exprimé quelques remords en déclarant se sentir « coupable de ne pas être parti plus tôt ». Mais il a nuancé son propos en expliquant ne pas « se sentir responsable ».
Peines ferme requises
Pour le procureur, la version des prévenus ressemble « à un film Disney avec des magiciens et des gentils partout ». Selon lui, les déclarations des prévenus sont « fantaisistes et contradictoires ». Tout le contraire de la version du plaignant qu’il juge « crédible et sans exagération ».
De l’avis du procureur, le montant de la dette ne justifie pas à lui seul un tel déferlement de violence. Il souligne l’absence totale de sentiment de culpabilité de la part des accusés ainsi que leurs antécédents. Le Ministère public réclame des peines fermes allant de trois ans et demi à quatre ans de prison ainsi que des jours-amendes. Il a également requis une expulsion du territoire suisse de cinq ans pour quatre des cinq prévenus.
La défense s’offusque
De quoi faire bondir la défense. Pour les cinq avocats des prévenus, les peines requises par le Ministère public ne sont pas adaptées à l’affaire. Selon une des mandataires, le procureur a mis « tous les œufs dans le même panier en ne tenant pas compte des différents récits autour de l’affaire ». Pour étayer ses propos, la défense s’est attaquée au résumé des faits présenté par le plaignant. Pour les avocats des accusés, celui-ci n’est pas aussi fiable que ce que prétend le Ministère public.
La défense pointe du doigt la description des passages à tabac par le plaignant. Elle explique qu’il n’a pas pu toujours affirmer avec certitudes qui l’avait frappé et quand. Un des avocats a également souligné que le plaignant avait changé de version entre les auditions quant au montant qu’il avait sur lui au moment des faits.
Pour ces raisons, quatre avocats ont demandé l’acquittement pur et simple de leurs clients. Une seule n’a pas contesté l’entièreté des charges requises contre son client.
Le verdict sera rendu mardi à 17h. /dpi