Le Tribunal criminel à Neuchâtel a reconnu coupable de lésions corporelles graves un homme de 53 ans. Une altercation s’était produite avec sa victime à Chambrelien en 2022
« Un geste inexcusable » et « une culpabilité lourde ». Voilà les mots du juge du Tribunal criminel à Neuchâtel qui a condamné vendredi un homme de 53 ans à une peine ferme de trois ans et à une expulsion du territoire suisse pour une durée de quinze ans. Le prévenu a été reconnu coupable de lésions corporelles graves pour avoir asséné un coup de couteau à un autre homme, âgé de 36 ans, à la gare de Chambrelien le 5 octobre 2022. Attaquée alors qu'elle était de dos, la victime a été touchée au niveau de la fesse gauche. La plaie était de 5 à 10 centimètres de profondeur et le coup porté a sectionné plusieurs vaisseaux ainsi qu’une artère, provoquant une forte hémorragie. L’homme est parvenu à monter dans le train, arrivé en gare à ce moment-là, en se tenant la jambe. Il a ensuite été pris en charge par des passagers, puis a perdu connaissance durant plusieurs minutes avant que les secours ne s’occupent de lui à la gare des Hauts-Geneveys.
Victime sauvée grâce à une prise en charge rapide
Pour l’avocate de la victime, Brigitte Lembwadio, c’est cette prise en charge rapide qui a sauvé la vie de son client. Tout s’est joué en 13 minutes, a-t-elle déclaré.
Quant à l’agresseur, il est resté sur le quai, s’est allumé une cigarette et a caché l’arme dans des herbes. Les deux hommes étaient alors logés au centre de requérants d’asile de Tête-de-Ran et frappés d’une non-entrée en matière dans leur demande d’asile. L’homme à l’origine du coup de couteau devait être renvoyé dans son pays d’origine le lendemain des faits. Au moment du crime, il était alcoolisé et sous l’emprise du haschich, ce qui ne « diminue en rien sa responsabilité », selon le juge Bastien Sandoz. La Cour a également tenu compte du fait que le prévenu avait déjà passé de nombreuses années en prison en Italie à la suite d’un homicide à l’arme blanche.
Les raisons pour lesquelles l’agresseur a sorti son couteau en cette soirée du 5 octobre restent toutefois peu claires pour la Cour. Le prévenu, longue silhouette prostrée et calme, et la victime ont continué de tenir des propos divergents lors de l’audience. Une dispute aurait éclaté entre les deux hommes en raison du comportement jugé inadéquat de la victime à l’égard de certaines femmes du centre de Tête-de-Ran. Pour la victime, l’agresseur aurait agi sans signe avant-coureur ; une thèse que n’a pas retenue le juge.
Intention du prévenu difficile à cerner
Aussi bien le Ministère public que l’avocate de la défense demandaient à la Cour de retenir la tentative de meurtre. Pour le juge, un doute persiste quant à l’intention du prévenu, raison pour laquelle celui-ci a finalement été condamné pour lésions corporelles graves. Aux yeux de Bastien Sandoz, l’agresseur a visé la zone des fesses et non pas le cœur ou le thorax. Il ne s’est pas acharné sur sa victime, mais a asséné un seul coup de couteau. Pour la Cour, il n’est donc pas sûr que la volonté du prévenu était de donner la mort, même si l’homme avait certainement conscience qu’un coup de sa lame conduirait à des blessures graves.
Le coupable devra par ailleurs verser 8'000 francs à sa victime pour tort moral et s’acquitter des frais de la cause, qui s’élèvent à près de 16'200 francs. Les parties ont dix jours pour faire appel de ce jugement. /sbm